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Amadeus

Mozart, Pop Star des années 80

Si vous avez connu les années 1985-89, vous vous souvenez probablement qu’à cette époque Mozart est une improbable mais véritable pop star.

Tout commence avec la sortie d'un film, Amadeus, du réalisateur Milos Forman qui met en scène un compositeur disparu depuis près de trois siècles. Certes tout le monde a déjà entendu parler de Mozart et peut sans se creuser siffler l'une ou l'autre mélodie mais de là à voir, en quelques semaines, se vendre des millions de CD ; les disquaires et maisons de disques sont dépassés mais ravis. Il faut dire que ce film n'a rien d'un biopic classique, le réalisateur ayant adapté une pièce de théâtre dont la trame prend beaucoup de libertés avec la réalité historique. Et c'est bien là le coup de génie de ce chef d’œuvre qui va en une année et rafler 40 prix sur 53 nominations. La recette est vieille comme le monde : celle d’Alexandre Dumas. Prenez un cadre historique, des décors, des personnages et des faits réels. Mais inventez tous les détails qui font la force de votre histoire. Et là, tout à coup, fini le Mozart sérieux des gravures et tableaux qui ornent des disques classiques déjà ennuyeux rien qu’à en regarder la pochette. Voici Amadeus, un adolescent dans un corps de (petit) homme, aussi lourd, dépravé et futile que sa musique est légère, riche et raffinée.

Amadeus

Voici ce Mozart débarquant à la cour de l’empereur Joseph II dont il détrône le compositeur attitré, Antonio Salieri, et dont il va se faire un ennemi mortel. Pauvre Salieri dont la mémoire est ainsi souillée mais qui, totalement oublié comme dans le film, se retrouve après cela au répertoire des opéras et des maisons de disques : le voilà redécouvert et réédité après plus de deux siècles d‘oubli. Il faut dire que l’extraordinaire interprétation du personnage par Farid Murray Abraham nous a émus, en Belgique comme des millions de spectateurs dans le monde, ainsi que l’académie des Oscars qui verra en lui le meilleur acteur de l’année.

Amadeus Milos Forman F. Murray Abraham

Des millions de tickets d’entrées, de cassettes vidéos, de bandes originales en LP et CD, c’est une vraie folie Mozart qui s’empare du monde au cours de ces années 85 à 89. La pièce* dont est tiré le film est remontée et se joue partout, on remet Mozart à tous les répertoires, de l’opéra à la musique de chambre. Amadeus participe même involontairement à l’explosion du CD avec les premiers coffrets intégrales (plus de 150 CD) beaucoup plus pratiques vu le petit format de ce nouveau média.

Amadeus

Si Amadeus, le film, n’a pas vieilli, plus de trente-cinq ans après, c’est grâce au du réalisateur Milos Forman qui a tourné presque toutes les scènes en décor et lumières naturels dans des lieux qui n’ont pas bougé depuis la fin du XVIII° siècle. Il a ainsi réussi à jouer les scènes de l’opéra Don Giovanni dans le même théâtre où Mozart l’a créé.

Seule déception, Tom Hulce, cet acteur prodigieux qui donne ces traits inattendus au compositeur, repart de la cérémonie des Oscars sans statuette. Cela n'empêchera pas son rire d'entrer dans l’histoire du cinéma ; un rire qui n’était loin de l’original d’après ce qu'en disait le père Léopold Mozart dans ses lettres.

Rock me, Amadeus !