Dans une interview livrée à l’Agence France Presse, Charlotte Gainsbourg contextualise sa décision d’ouvrir l’hôtel particulier de son père aux visiteurs. Mentalement, cela n’a pas été un chemin facile. Au départ, Charlotte se montrait la plus convaincue par le projet, avant de se rétracter : "J’ai fait marche arrière parce que c’était un peu ce qui me restait de lui, donc je le gardais comme un trésor" confie-t-elle. "Mais quand je suis partie à New York il y a 6 ans, j’ai pris de la distance et j’ai compris qu’il fallait que ça se fasse. Pour les gens, mais aussi pour ma santé mentale, il faut que j’arrive à m’en détacher. Il faut que ce soit un lieu vraiment ancré dans le patrimoine parisien, que ce soit accessible".
Depuis sa mort il y a 30 ans, le 2 mars 1991, la maison de Serge Gainsbourg n’a pas bougé. Découvrir cet endroit, "c’est découvrir son cadre de travail (…), sa personnalité. C’est un lieu relativement modeste (…) avec une cuisine minuscule. […] De son vivant, il l’a transformé en muse bourré d’objets, on avait du mal à marcher sans avoir peur de casser quelque chose" explique Charlotte.
Un hôtel particulier pour abriter ses amours clandestins avec B.B.
Derrière la célèbre façade recouverte de graffitis du 5 bis rue Verneuil, dans le 6e arrondissement, l’on peut découvrir un buste de Jane Birkin, l’objet préféré de Charlotte : "un moulage de son corps, fait d’abord de plâtre et refait par la suite en bronze".
Et puis, dans ce lieu coupé du monde encore hanté par l’âme du grand Serge trône aussi encore fièrement un portrait grandeur nature de Brigitte Bardot. C’est au départ pour abriter ses amours clandestins avec celle qui lui brisera le cœur qu’il investit les lieux. Un hôtel particulier où B.B. ne passera pourtant pas une seule nuit : "Lorsque Serge a eu l’idée d’acheter cette petite maison du Quartier latin, nous l’avons visitée ensemble" raconte-t-elle à Paris Match. "Je l’ai trouvée sinistre, trop sombre. Toute notre histoire s’est déroulée avenue Paul-Doumer. Mon mari Gunter Sachs n’avait pas la clé de chez moi." L’histoire entre Gainsbourg et sa muse aura duré trois mois. Trois mois comme une éternité. "Près de cent jours d’amour fou. Sans une ombre, sans un nuage. Beau, pur. Cela doit tout simplement s’appeler le bonheur" estime-t-elle.