N Nostalgie
The Bowling Balls - You don't know what it's like to be alone in the house

L'arrivée inespérée en streaming du plus grand groupe des 70's

On ne les attendait plus mais les voilà enfin sur toutes les plateformes, de Spotify à Apple, en passant par Deezer et autres Google : les Bowling Balls ! Quoi ? Vous ne les connaissez pas ? Mais où étiez-vous pendant les années 70 et 80 ?

Tout est arrivé à cause du plus grand groupe de rock belge du monde : je vous explique.

En 1976, le jeune bruxellois Frédéric Jannin, fou de bandes dessinées qui traîne dans les pieds de Franquin et de Peyo, crée avec le fils de ce dernier, Thierry Culliford, une série qu’il propose au premier. Vous me suivez ?

En clair, Franquin accepte de mettre le pied à l’étrier à deux jeunes qu’il connaît bien, en les publiant dans le supplément qu’il anime chaque semaine dans le Journal de Spirou. Au mois de mars 1977, nous voyons donc apparaître dans les pages du Trombone Illustré, un adolescent de notre âge : Germain.

Germain et nous

Germain, il est comme nous à cette époque : il ne vit que pour la musique pop du genre Pink Floyd et ELP qu’il écoute avec ses potes, vautré sur un lit ou affalé un pouf difforme dans la chambre de l’un ou l’autre. Et bien sûr, cette musique s’écoute à fond de balle au grand désespoir de la mère qui craint pour les oreilles de son fils et du père qui n’entend plus les commentaires de son match.

Le succès de Germain et Nous est immédiat. Il faut dire qu’on se reconnaît tous dans l’un des personnages : le premier de classe qui joue de la flûte dans un groupe pop, la boulimique qui tente de faire attention à sa taille, le dingue de  son qui a toujours le dernier équipement pour écouter des cassettes dans sa bagnole, …

Germain et nous

Enfin, ils sont tous fans d’un groupe incroyable : les Bowling Balls. Chaque membre de la bande possède tous leurs disques, va voir leurs concerts (en cachette pour certains), sort en sueur des deux heures passées au premier rang en criant, ou tente de les enregistrer en pirate.

Germain Bowling Balls
© FREDERIC JANNIN

Les Bowling Balls, c’est alors un mélange des Who, de Pink Floyd et d’Emerson, Lake & Palmer dont Fred Jannin est (faut-il le dire) très fan. Mais au tournant de l’an 77, ces grands groupes qu’on commence à qualifier de dinosaures sont en perte de vitesse par rapport aux punks et à toute la New Wave qui commence à inonder les disquaires et les magazines. Bert Bertrand du Télé Moustique, rock critic portant alors très hauts les couleurs de cette nouvelle vague, se voit proposer par Fred Jannin, de créer les Bowling Balls.

Pour qu’ils existent pour du vrai !

Et donc, Frédéric Jannin, Thierry Culliford, Bert Bertrand et Christian Lanckvrind se retrouvent dans les pages musicales du Journal de Spirou à donner des interviews des Bowling Balls. Portant les noms de Fernand, Elton, Billy et Averell Ball et managés par Jack Gordisky (alias Peyo, lui-même) ils répondent aux questions du critique rock. Le canular atteint des sommets lorsque les albums des Bowling Balls sont chroniqués dans le magazine avec de fausses pochettes parodiant aussi bien Pink Floyd que Lou Reed. Il y est question d’un triple album concept avec le même son fascinant sur les cinq premières faces, la dernière étant entièrement silencieuse, un live enregistré à Colombey les Deux, ou encore en 1978, un album de disco punk, la nouvelle mode à venir.

Germain Bowling Balls

C’est dans ce joyeux bazar que naît chez Fred Jannin l’envie d’aller encore plus loin dans le canular en publiant de vrais disques. La mode étant à la new wave et Jannin étant passionné de synthétiseurs, il troque ses références ELP au profit du son de Kraftwerk et l’improbable arrive : le tube.

A l’aube des années 80, les Bowling Balls existent donc vraiment, publiant plusieurs 45 Tours et un album d’une qualité indéniable, au charme certain, que vous pouvez aujourd’hui écouter sur toutes les plateformes.