The Clash

The Clash : une paire de jean's pour un N°1

Le riff de guitare de la chanson « Should I Stay or Should I Go » des Clash est immédiatement reconnaissable, à l’image des « Smoke on the water » de Deep Purple, « A Hard Days Night » des Beatles ou « Satisfaction » des Rolling Stones. Il est pourtant passé inaperçu à sa sortie.

On ne vous apprend rien en disant que The Clash est un des plus grands groupes de la fin des années 70 et début des années 80. Mais, comme Led Zeppelin et Pink Floyd, il s’agit d’un groupe qui vendait des tonnes d’albums et attirait la foule en concert sans faire de tubes.

Ainsi quand ce single sort en 1982, les fans dont je faisais partie, ont préféré acheter le 33 Tours, ce qui explique que Should I Stay Or Should I Go, n’a guère monté dans le hit parade ni en Belgique ni ailleurs.

Un vieux hit oublié

Mais voilà qu’en 1990, la marque de jeans Levi’s lance une campagne de publicité télévisée avec en bande son un vieux hit oublié du Steve Miller Band. Et comme les gens réagissent positivement à ce titre, cherchent à savoir de quoi il s’agit, la firme de disques sort le disque en single et fait un beau succès, avec à la clé, des cargos de jeans vendus.

Aussi l’année suivante, ils remettent le couvert de manière coordonnée : le single sort en même temps que le spot avec un petit logo Levi’s sur la pochette.

C’est un peu la Lambada du jeans, en fait, avec le même carton plein. N°1 en Angleterre, N°3 en Belgique, N°4 à l’échelle européenne, c’est un tube énorme.

Le grand public découvre cette chanson ultra efficace que les Clash avaient d’ailleurs taillée pour en faire un classique à l’époque de sa création sur l'album Combat Rock.

Pour la petite histoire, Mick Jones, une des deux voix des Clash et auteur de la chanson, vivait à l’époque avec une autre star du rock, Ellen Foley (la partenaire féminine de Meat Loaf sur le fameux Bat Out Of Hell, un des albums les plus vendus de tous les temps). Mick l’avait alors aidée sur ses albums solos, tous les auditeurs de Radio Cité et des Nocturnes s’en souviennent : What’s The Matter Baby et We belong to the night ont figuré parmi les grands tubes du basculement dans les années 80.

Comme deux ans plus tard, Mick et Ellen sont en pleine séparation, certains ont cru dans les milieux autorisés que, au vu du refrain, la chanson parlait de leur rupture : "Si je la quitte ça va être le bordel, si je reste ce sera deux fois pire".

"Mais non", dira Mick dans une interview en 1991 lorsque la chanson connaîtra la faveur du public, "c’était de la pure création artistique".

The Clash - Rock the Casbah

Par contre, si vous ne comprenez pas ce que racontent les chœurs sur le refrain, ne vous inquiétez pas, c’est de l’argot espagnol car, comme depuis Sandinista, leur précédent et déjà célèbre triple album, le dada des Clash est la musique du monde, Mick Jones dit : on va chanter les choeurs en espagnol, qu’il ne parle pas. Heureusement, un employé du studio new yorkais où le quatuor anglais enregistre est latino ; il téléphone à sa mère, équatorienne, pour lui faire traduire mot à mot le texte, dans un patois que vous ne comprendrez donc pas bien, même si vous parlez la langue de Don Salluste.

En tout cas, neuf ans après sa sortie, une ancienne chanson fait à nouveau son entrée dans la légende du rock, prouvant que les temps ont changé et que l’industrie du disque doit repenser la promotion de ses productions parce que nous, pub télé ou pas, Should I Stay Or Should I Go, on a adoré ça et encore aujourd’hui, on en redemande.