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Brice Depasse - livre 80
© STÉPHANE DE COSTER

« Nos années 80 » : l'histoire d'un petit belge qui fêtait ses 18 ans en 1980

« Entre Blade Runner, 37°2 le matin, le Live Aid, les concerts de Bowie, Madness ou Iron Maiden, les Enfants du rock et Droit de réponse à la télé, les disques de Michael Jackson, Prince, Polnareff ou U2, la liste est trop longue. La preuve : ça m’a pris tout un livre. » Découvrez l'interview de Brice Depasse

C’est quoi les années 80 de Brice Depasse que vous racontez dans ce livre ?

Celles d’un petit Belge qui fête ses 18 ans en 1980. Et croyez-moi, ce n’est pas banal car si logiquement on se souvient tous de notre jeunesse comme d’une belle époque, en 1980 nous avions cette conscience d’entrer dans l’ère moderne tant promise les décennies précédentes.

On avait l’impression que le futur décrit par les auteurs de science-fiction des années 50 et 60, c’était notre présent.

Et comment ne pas y croire avec l’arrivée de toutes chaînes de la télédistribution, (jusque-là, on en avait quatre à tout casser), des ordinateurs ZX80 à la maison, des jeux vidéo à brancher sur la télé, des cassettes vidéo, émissions de clips : tout ça c’était en 1980. La révolution technologique n’était plus dans les laboratoires montrés aux infos mais maintenant accessible à la maison.

Et en musique ?

La New Wave, évidemment ! Ce qui change tout dans la musique, c’est que les synthés et les boîtes à rythme ne sont plus joués sur les disques expérimentaux de Jean-Michel Jarre, David Bowie ou Kraftwerk mais sur de la musique pop : Orchestral Manœuvres in The Dark, The Buggles puis Soft Cell, Depeche Mode, Human League, c’est la musique de demain, aujourd’hui qui se transforme en tube.

On change d’époque en début de décennie. Un chiffre rond comme 1980, c’est vraiment magique !

Vous écoutiez quoi ?

Tout ce qui sortait, sans exception, chez le disquaire. Mais attention : à cette époque, pour être au courant, il n’y avait pas internet, il fallait lire les magazines.

Lesquels ?

Des mags belges Télé Moustique et Rock This Town (un gratuit édité par Gilles Verlant) aux français Rock & Folk et Best en passant par l’indispensable anglais New Musical Express, qui se présentait comme un journal mais avait une parution hebdomadaire.

Une librairie de Morlanwelz le commandait chaque semaine pour moi, le gars, il n’en revenait pas de vendre un journal britannique  à Morlanwelz.

Vous êtes de Morlanwelz ?

C’est là que mes parents habitaient vu que mon père en était originaire mais j’ai plutôt grandi à Binche dans la famille de ma mère et surtout vécu toutes mes années de collège, depuis la maternelle jusqu’à la rhéto. Mais en 1980, j’ai quitté Binche pour la fac de droit à Namur.

Premiers souvenirs qui vous viennent à l’esprit ?

L’auditoire. Je passe d’une classe de douze élèves à plus de 300 étudiants. Les trois magasins de disques dans le centre-ville, indispensables, avec dans la vitrine les nouveaux albums des Rolling Stones, New Musik et AC/DC. Et puis, l’apparition des radios libres. On en parle dans notre kot sans trop y croire. Ah bon ? Il y a une radio au-delà du 100MHZ ? C’est pas possible ?

C’est vrai, jusque-là, il n’y avait que trois radios de la RTB et la BRT, c’est tout. Alors on a écouté le lundi soir car deux copains de cours animaient une émission. On n’en revenait pas. La semaine suivante, je les accompagnais avec mes disques sous le bras et les gars m’ont pris. De nouveau je n’y croyais pas, c’était le paradis, passer ses disques à la radio, même si le studio était monté dans un placard à balai, au quatrième étage de la FGTB de Namur.

Et enfin, n’oublions pas l’accent de la mère de Benoît Poelvoorde dans son épicerie au bas de la rue de la fac de droit quand on allait chercher de quoi manger.

Et si on se file à la fin des années 80, vous nous racontez quoi ?

Je suis au service militaire à Saive. J’ai fait mon service très tard : entre les reports d’appel parce que je suis à la fac aux Etats-Unis, et ceux obtenus par le ministre Maystadt, ils avaient fini par m’oublier.

Mais pas complètement, donc je me suis retrouvé sous-officier instructeur fusiller d’assaut, un régiment de petits «  Rambos  ».

Et là, à la caserne, sur un petit transistor, j’entends le nouveau single de Tears For Fears, Sowing the seeds of love, un miracle. Comme celui de voir à la télé, tous ces jeunes qui grimpent sur le Mur de Berlin. On était heureux, même si on a dû monter de garde sans arrêt car nos supérieurs étaient inquiets.

En conclusion ?

Entre Blade Runner, 37°2 le matin, le Live Aid, les concerts de Bowie, Madness ou Iron Maiden, les Enfants du rock et Droit de réponse à  la télé, les disques de Michael Jackson, Prince, Polnareff ou U2, la liste est trop longue. La preuve : ça m’a pris tout un livre.