Un meurtre ! Un Beatles assassiné ! Mais comment est-ce possible ? C’est tout simplement inimaginable ?
Et pourtant les images de la foule innombrable amassée devant son immeuble new yorkais en bordure de Central Park et de l'hôpital où sa mort a été annoncée, défilent au Journal Télévisé pour nous confirmer que non, nous ne rêvons pas. C’est vrai qu’on l’avait un peu perdu de vue, John Lennon, ces dernières années. Mise à part sa chanson Imagine, sa carrière solo au début des années 70, avait fait pâle figure par rapport au triomphe de Paul McCartney. Et puis, au milieu de la décennie, John avait complètement disparu des radars ; plus de disques ni même d’interview nulle part. Et voilà qu’au mois d’octobre 1980, il réapparaît brusquement mais en duo avec Yoko Ono, encore elle ! L’album de son retour s’annonçait comme un échec jusqu’à ce qu’un inconnu, un fou ne l'abatte.
Alors où était-il tout ce temps ? Et bien chez lui, figurez-vous. Dans son appartement, immense il est vrai, du Dakota Building, un des immeubles mythiques de Manhattan. Cet immeuble classé monument historique, a été construit dans les années 1880 pour y abriter de riches familles. Un immeuble qui a des allures de vieux manoir ; ce n’est pas un hasard si Roman Polanski l’a utilisé pour être le cadre de son film d'épouvante, Rosemary’s baby.
Mais John s’y sent bien. C’est là qu’il s’est retiré pour élever son second enfant, Sean, que lui a donné Yoko, et pour lequel il s’est donné la mission d’être un vrai père. Comme s’il voulait briser la malédiction des Lennon, lui qui n’a connu son père que l’espace d’un soir, alors qu’il était devenu célèbre.
Et puis, après cinq ans de bons et loyaux services de papa gâteau, l’inspiration lui est revenue d’un bloc au cours de vacances dans les îles, avec Sean. John écrit chanson sur chanson et décide que l’heure du retour a sonné. Il compte même reprendre la route, les tournées et revenir en Angleterre voir sa famille et ses amis pour la première fois depuis le début des années 70.
Chaque jour quand il sort de chez lui, chaque soir quand il rentre, il trouve au pied de l’immeuble toujours gardé par un vigile, une troupe de jeunes et moins jeunes qui l’attendent pour un autographe et, plus rarement, une photo. John leur parle, a un mot pour chacun, y compris pour un certain Michael Chapman avec qui il s’est montré sympa, les premières fois, jusqu’à ce qu’il vienne à bout de sa patience ...