Décédée à Rome à 91 ans, Sofia Corradi, surnommée "Mamma Erasmus", est à l'origine du programme d'échange européen lancé en 1987. De sa frustration d'étudiante est né un pont entre les cultures, qui a permis à plus de 16 millions de jeunes de vivre l'Europe autrement.
Aujourd’hui on s’arrête sur une femme discrète… mais dont le nom, ou plutôt le surnom, évoque pour beaucoup un grand moment de liberté : “Mamma Erasmus”.
Sofia Corradi vient de s’éteindre à Rome, à 91 ans./ Elle laisse derrière elle un héritage européen et sentimental./ C’est cette femme qui est à l’origine du programme d’échange universitaire Erasmus.
Parce que oui, sans elle, personne n’aurait connu de colocs improbables à Barcelone, pas de couples franco-espagnols ni de soirées à refaire le monde à Louvain ou à Prague.
On peut dire que sans elle, il manquerait un peu de soleil… et beaucoup d’Europe dans les souvenirs de beaucoup d’étudiants.
Mais alors, qui était vraiment cette “Mamma Erasmus” ?
Et comment est née cette idée folle d’envoyer des millions de jeunes étudier ailleurs ?
Tout commence à Rome, en 1934./Sofia Corradi naît dans une famille d’intellectuels, un pied dans les livres, l’autre déjà tourné vers le monde
C’était une étudiante brillante, elle décroche dans les années 50 une bourse Fulbright et part étudier à Columbia University, à New York./ Mais au retour en Italie, c’est la claque./Son diplôme américain n’est pas reconnu./ Elle racontera plus tard : “Ce jour-là, j’ai compris que si les diplômes ne pouvaient pas voyager, il fallait faire voyager les étudiants eux-mêmes.”
Et elle va s’y tenir, hein ! Parce qu’il va lui falloir du courage…
Oh oui, du courage et de la patience./Pendant vingt ans, Sofia Corradi va militer.
Elle écrit, elle téléphone, elle parcourt l’Europe avec sa valise et ses idées.
/Professeure à l’université de Rome III, elle continue à plaider pour son idée d’un grand programme d’échanges.
Et puis un jour, bingo !
Oui, en 1987./Le programme Erasmus voit enfin le jour./Un nom inspiré d’un humaniste du XVe siècle, Érasme de Rotterdam, et un projet qui allait bouleverser le quotidien de millions de jeunes.
Depuis, plus de 16 millions d’étudiants ont fait leurs valises./16 millions d’aventures, d’amitiés, d’amours, de repas partagés et de photos collées sur les frigos.
Et ceux qui l’ont vécu peuvent en attester, Erasmus, ce n’est pas juste une ligne sur un CV c’est une école de vie.
Et elle, elle n’a jamais cherché la lumière, hein ?
Jamais./Sofia Corradi préférait les amphis aux plateaux télé.
Toujours discrète, toujours souriante, toujours en action.
Elle aimait dire :
“Je n’ai pas créé un programme, j’ai créé un pont.”
Et ce pont, elle l’a traversé elle-même, sans relâche :
prof pour les Nations Unies, chercheuse à La Haye et à la London School of Economics,
membre de l’UNESCO, et lauréate du prix européen Charles Quint pour sa contribution à la construction européenne.
Et forcément, les hommages n’ont pas tardé…
Non./Le ministre italien Antonio Tajani lui attribue “la naissance de la Génération Europe”.
Emmanuel Macron salue “une jeunesse européenne qui se rencontre et s’enrichit de ses différences”.
Et cette “rencontre”, justement, Sofia l’a rendue possible… jusque dans les cœurs.
Parce qu’Erasmus, ce n’est pas seulement des cours, c’est aussi… des histoires d’amour.
Un million de bébés Erasmus : c’est le chiffre marquant depuis la création du programme.
Un million d’enfants nés d’histoires commencées autour d’un cours, d’une fête, d’une valise perdue, d’un coup de foudre improbable.
On peut lui dire merci !
Merci, oui./Merci Sofia Corradi d’avoir transformé une injustice en un rêve partagé.
Merci d’avoir fait tomber les murs sans bruit, avec un sourire, une idée et beaucoup de patience./Et merci d’avoir prouvé qu’une salle de classe peut parfois changer un continent tout entier.
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