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Les crooners sont restés malgré le temps et les modes, les grands acteurs de la période de Noël. Avec toute l’imagerie qui les accompagne, évidemment, celle d’une époque où tout semblait neuf dans les villes américaines, sur les photos en noir et blanc comme en Technicolor sur grand écran.
Alors, on le voit, le plus célèbre d’entre tous les crooners, Frank Sinatra, avec son complet bleu qui inspirera plus tard celui de son disciple, Charles Aznavour. Le voilà qui sort en effet d’une grosse cylindrée sur Broadway, à la tombé de la nuit. Nous sommes en décembre, la vapeur sort des bouches du métro pour s’élever des trottoirs vers le sommet des gratte-ciels. Il fait déjà froid, aussi Frankie enfonce un peu plus son chapeau iconique, relève d’une main le col du manteau qu’il vient d’enfiler, puis de l’autre, il saisit la main d’une jeune femme qui sort à présent de la voiture. Les voilà tous les deux qui pressent le pas puis se mettent à courir vers l’enseigne d’un club de jazz pendant qu’au coin de la rue, des soldats de l’armée du salut entonnent un chant de Noël, à côté d’une échoppe de vendeur de marrons chauds.
A 30 ans, la guerre terminée, Sinatra a la vie devant lui. Cela fait dix ans déjà qu’il a enregistré son premier 78 Tours, il est passé d’une formation de jazz à l’autre et depuis le début des années 40, Frank est une vedette de la radio et du cinéma. Comme tous ceux qui passent par Hollywood, il incarne le standard obligatoire de la classe qui, chez lui, est naturelle ; c’est vrai qu’il n’est pas tombé loin de Manhattan à sa naissance. Même si c’était dans un milieu compliqué, celui de pauvres immigrés, Frankie s’est bien débrouillé, n’a pas été regardant du tout sur des amitiés qui sont plutôt fatales, on a tous grandi dans la rue d’un mafieux dans ces quartiers oubliés de l’Amérique quand on est Sicilien d’origine. Mais ce qui importe, c’est le bonheur que Frank apporte au public sur les disques qu’il enregistre. Il y a pas deux gars comme lui pour faire oublier le grand malheur qu’on vient de traverser dans les années 40. Quand Sinatra chante l’amour, on se croit aimée comme une princesse si on est une femme, irrésistible si on est un jeune homme.
Alors oui, 80 ans plus tard, on les voit ces projecteurs baigner de lumières le micro sur la scène du club, et puis l’orchestre de Tommy Dorsey prêt à accompagner la star de la soirée. Ceux qui ne le verront pas, l’entendront à la radio, le show est retransmis dans tout le pays. On imagine les familles, les couples, réunis autour du grand poste de bois, ils ne vont pas rater ce moment vanté dans les programmes radios des magazines. On n’écoutera pas le feuilleton ce soir mais le concert de Frankie Blue eyes Sinatra sur une radio concurrente. L’imagination fera le reste, loin de concevoir que vingt ans plus tard, le chanteur sera toujours là, survivant miraculeusement à la déferlante du rock’n’roll. Sinatra est comme la Noël, un refuge dans la magie d’un monde idéal dans lequel on croit, loin du bruit et de la fureur.
Depuis plus de 20 ans, Brice Depasse vous emmène dans les coulisses des légendes du rock, de la pop, et des années 70 et 80 dans. Il vous fait voyager à travers les époques, en vous dévoilant les anecdotes les plus croustillantes et les histoires fascinantes des plus artistes de notre temps.