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William Hurt

L'acteur américain William Hurt est décédé

S'il est connu des jeunes générations pour son rôle dans de nombreux films de la Marvel dont les Avengers, William Hurt fût une grande figure du cinéma indépendant américain avant de répondre au chant des sirènes d'Hollywood. William Hurt est mort ce dimanche 13 mars à l'âge de 71 ans.

Abandonnant ses études de théologie pour le théâtre, William Hurt est arrivé dans le monde du cinéma comme on entre en religion, par la grande porte. Premier film , premier rôle devant la caméra du sulfureux réalisateur Ken Russel qui est en 1980 le roi de l'étrange, connu pour avoir mis en scène le triomphal Tommy des Who. Dans Au-delà du réel (Altered States en VO), le jeune acteur incarne un chercheur qui en absorbant des substances hallucinogènes tente de remonter aux sources de l'Humanité et de l'univers et cause bien des nuits blanches à des milliers de spectateurs.

 

William Hurt

L'acteur enchaîne sans faux pas en tournant L'oeil du témoin en 1981, un thriller de Peter Yates (Bullitt, John and Mary) et La fièvre au corps, torride film noir de Lawrence Kasdan (Les aventuriers de l'arche perdue, L'empire contre-attaque).

Au milieu des années 80, plus personne ne peut ignorer l'existence et le talent de William Hurt avec le doublé du Baiser de la femme-araignée et des Enfants du silence.

La reconnaissance absolue avec le premier (Oscar et Golden Globe du meilleur acteur, Palme d'Or et Prix d'interprétation masculine au festival de Cannes) et le succès public du second font de lui un des acteurs les plus en vue de cette décennie, aussi populaire dans les salles obscures que dans les vidéoclubs.

Malgré son énorme popularité internationale, William Hurt est ouvert à tous les rôles du moment qu'il y trouve le plaisir de jouer avec des acteurs ou un réalisateur intéressants : jouer est sa passion, peu importe le budget du film qu'on lui propose. On le retrouve ainsi dans Alice de Woody Allen en 1990, Un divan à New York de Chantal Akerman (une coproduction belge en 1996), Jane Eyre de Franco Zeffirelli, toujours en 1996) ou encore Au plus près du paradis (2002) de Tonie Marshall dans lequel il donne la réplique à Catherine Deneuve. Pour la petite histoire, William Hurt parlait couramment le français, il est le père de Jeanne, la fille issue de son mariage dans les années 90 avec Sandrine Bonnaire.

William Hurt Catherine Deneuve

Concilier le théâtre et le cinéma

A partir de ces années 90, William Hurt montre la voie à la communauté des acteurs américains, en prouvant qu'il est possible de concilier le succès au théâtre à New York et dans le cinéma indépendant avec la participation à des blockbusters hollywoodiens et des séries télévisées.

En effet, l'acteur qui fait ses premières armes dans deux épisodes de la série Kojak en 1977, accepte de sortir des clous du cinéma d'auteur en jouant sous la direction de Stephen Hopkins (Freddy V, Predator 2) dans Lost in Space : si le film ne tient pas ses promesses, il permet à William Hurt de toucher un autre public, celui du cinéma de pur divertissement dans lequel on va le retrouver de plus en plus avec les décennies. Il incarne ainsi Thunderbolt Ross dans cinq films de la Marvel dont les deux volets finaux des Avengers, Le Comte de Pembroke dans le Robin des Bois de Ridley Scott, le chef du Village dans le film de M. Night Shyamalan (Sixième sens, Signs) ou encore le méchant avocat dans la très belle série Goliath sur Prime Video.

William Hurt, l'acteur qui pouvait tout jouer, laisse en chacun de nous des souvenirs différents, des émotions d'autant plus indélébiles qu'il savait interpréter avec force et justesse tous les rôles quelque soit la légèreté ou la profondeur du réalisateur qui le dirigeait.

Et vous ? Quelle est l'interprétation William Hurt vous a le plus marqué ?

Personnellement, je nourris l'espoir qu'une chaîne de télévision nous rediffuse dans les prochains jours ce film, Smoke, où il fut particulièrement brillant et qu'on n'a que trop rarement l'opportunité de (re)voir : William Hurt donnant la réplique à Harvey Keittel, de ces exceptionnels moments de cinéma qui chantent que la vie peut être belle, où et qui que nous soyons.