N Nostalgie
La Lambada
© CAPTURE D'ÉCRAN YOUTUBE

La Lambada : l’histoire trouble d’un tube venu tout droit du Brésil

En 1989, « La Lambada » enflamme les pistes du monde entier. Mais derrière le succès se cache un plagiat venu des Andes boliviennes.

Elle évoque les corps qui s’enlacent, le sable chaud et l’insouciance de l’été. Mais La Lambada cache une histoire bien plus trouble que ses rythmes ensoleillés ne le laissent croire...

La Lambada, histoire d’un tube planétaire… et d’un plagiat

L’été 1989 a son hymne, et il vient du Brésil — du moins en apparence.

La Lambada, interprétée par le groupe Kaoma, déferle sur les ondes. Ce tube s'accompagne d’une danse sensuelle qui embrase les dancefloors.

Il devient bien plus qu’un simple morceau : un phénomène de société. Derrière cette success story estivale, pourtant, se cache une histoire bien plus trouble, où inspiration rime avec appropriation.

Une danse sensuelle, un tube parfait

Tout commence à Bahia, au Brésil, où un producteur de musique, Jean Karakos, et un réalisateur, Olivier Lorsac, découvrent en vacances un morceau interprété par la chanteuse locale Marcia Ferreira.

C’est une adaptation d’un titre bolivien, Llorando Se Fue, du groupe Los Kjarkas. Séduits, les deux Français décident de ramener la chanson en France.

Ils montent un groupe aux accents métissés, Kaoma, avec la chanteuse brésilienne Loalwa Braz.

Le titre est réarrangé : l’accordéon remplace la flûte de pan. Mais la mélodie reste inchangée. Le label CBS croit au potentiel du morceau et s’associe à TF1 et Orangina pour en faire un tube. Résultat : le clip est diffusé 250 fois durant l’été 1989.

Derrière le succès, le scandale

Mais sous les rythmes chaloupés de la Lambada, le scandale couve.

Car la chanson n’a pas été composée par Kaoma, ni même par un mystérieux Chico de Oliveira. C'est derrière ce pseudonyme que se cache Olivier Lorsac lui-même. Il avait déclaré être l’auteur auprès de la SACEM. Il a donc empoché les droits d’auteur. Ceux-ci sont estimés à ce qui équivaudrait aujourd'hui à plus de 5 millions d'euros sur une année.

Très vite, les véritables créateurs de la chanson, les frères Hermosa du groupe bolivien Los Kjarkas, s’aperçoivent du plagiat.

Ils intentent un procès via leur maison de disques, EMI. Le verdict est sans appel : les producteurs français doivent rendre l’argent et reconnaître leur faute.

En 1991, ils capitulent et versent plusieurs millions en dédommagement.

Une empreinte durable malgré tout

Malgré cette affaire de droits d’auteur, La Lambada reste l’un des plus grands tubes de la fin des années 80.

Elle symbolise une époque, une insouciance estivale et une manière nouvelle de danser à deux.

La voix de Loalwa Braz, tragiquement disparue en 2017, continue de résonner dans les mémoires.

Le morceau est devenu malgré lui un cas d’école en matière de plagiat, certes. Mais il n’en demeure pas moins un symbole mondial de chaleur, de sensualité et de fête.