N Nostalgie
Gilbert Bécaud
© ISOPIX

L’incroyable histoire de « Nathalie » de Gilbert Bécaud

Un titre sur la Russie que Gilbert Bécaud ne voulait pas chanter en pleine guerre froide.

Avec cette chanson, Gilbert Bécaud et Pierre Delanoë ont non seulement lancé la mode du prénom Nathalie mais ils ont aussi pris le risque d’être boycottés par les radios.

À l'époque, en France, il y avait trois radios et Gilbert Bécaud avait deux succès Et Maintenant et Nathalie. Deux chansons que tous les Français de cette génération connaissent. Nathalie est également célèbre au Japon, en Allemagne, en Italie et en Russie bien entendu.

Mais cette chanson à divisé ses deux créateurs. Alors que le parolier Pierre Delanoë voulait absolument écrire une chanson sur la Russie qu’il adorait, Gilbert Bécaud, lui, n'en voulait pas. La raison est simple, le titre est sorti juste après la crise des missiles de Cuba, au moment où Brej­nev remplace Khrouchtchev. Il était alors très délicat d’oser écrire une chanson sur la guerre froide.

À l’époque, tous les yéyés, SheilaJohnny, chantaient les mérites de l'Amérique alors que Nathalie présente la Russie à travers les traits d’une jeune femme blonde au visage souriant dans un pays qui ne faisait pas sourire du tout.  

Gaya Bécaud, fils aîné du chanteur, directeur de la création à RTL, confirme aujourd’hui que l’intention de son père était : « d'entrebâiller la porte de l'URSS. » Et pourtant Gilbert Bécaud n’était pas vraiment le prototype du chanteur engagé, à part Tu le regretteras, dédiée au général de Gaulle et L'important, c'est la rose.

Il faut savoir qu’à l'origine, la guide s'appelait Natacha et pas Nathalie et que la chanson commençait comme ça : « Qu'elle était jolie cette Russe rousse sur la place Rouge… », mais Bécaud n'était pas intéressé « Tu penses, un touriste à Moscou tombant amoureux de son guide ! », s'était exclamé l’artiste. Mais Pierre Delanoë a persisté et a fini par trouver cette phrase « La place Rouge était vide, devant moi marchait Nathalie… » Une image qui a tout de suite parlé à Gilbert Bécaud et en deux heures, la chanson était bouclée.