N Nostalgie
Gros plan sur le visage de Nikola Sirkis
© ISOPIX

Découvrez l'origine de la chanson 3e sexe d'Indochine

Nikola Sirkis raconte le processus de création de sa chanson culte « 3e sexe ».

Indochine fête ses 40 ans. 4 décennies inégales pendant lesquelles ce groupe culte de la scène française à plusieurs fois presque disparu des écrans radar avant de revenir, à chaque fois, grâce à un public extrêmement fidèle et des chansons devenues des références. 3e sexe, que Nikola Sirkis reprend aujourd’hui avec Chris, en est une.

Sorti il y a 35 ans, à une époque où la question du genre était un tabou social et familiale, le titre a beaucoup fait parler de lui. Lors d’une récente interview donnée à Pure Charts, Nicola Sirkis se souvient de la naissance de cette chanson, suite à un voyage en Angleterre dans les années 80 : "J'étais à Londres, et je voyais de plus en plus toute cette vague de groupes comme The Cure, Depeche Mode ou Japan qui étaient très maquillés. Je trouvais ça joli, ce côté un peu théâtre japonais. Les mecs et les nanas se ressemblaient totalement, ils étaient totalement lookés avec le même maquillage et je trouvais que cette génération était très belle".

À l’époque, le rock en France n’était pas très sexué se souvient l’artiste : "Je me suis dit "Si ces deux personnes que je vois à Londres viennent à Paris ou en Province, on va leur jeter des pierres". Le message était de dire que les gens les plus pervers sont ceux qui crachent sur ces gens-là. C'est cette tolérance-là, ou plutôt cette intolérance-là, qui m'a fait écrire ce morceau".

Changer d'image

Indochine a vu là une occasion que changer d’image, de s’éloigner des textes exotiques et aventureux du Péril jaune pour évoquer des sujets plus sociaux. Pari gagnant pour le groupe qui fédère un plus large public.

3e sexe s’écoule à plus de 600 000 exemplaires et devient rapidement un véritable hymne à la tolérance sexuelle. L'album 3 sera également un succès avec plus de 800.000 copies vendues.

 "Je ne m'attendais pas à ce que ce soit totalement hymnique et qu'encore aujourd'hui, des gens dans la rue m'arrêtent pour me dire "Cette chanson était très importante pour nous" ou est "toujours importante". C'est fou", se souvient Nicola Sirkis.

Les maisons de disques frileuses

Si la réaction du public a été positive, celle de la maison de disques a été beaucoup plus frileuse "Je me rappellerais toujours des gamins de 10-15-20 ans qui appelaient les radios en disant "On veut écouter 3e sexe". Ils étaient affolés", se souvient Nikola Sirkis qui ajoute : "La maison de disques nous connaissait un peu donc ils ne voulaient pas nous empêcher de le sortir, mais ils ne voulaient pas que ça sorte en single en disant que c'était marqué trop "homosexualité" et on allait perdre tout notre public féminin. C'était la grande théorie des maisons de disques à l'époque, et on les a tous retrouvés en train de faire des boys-band".

Aujourd’hui Nicola Sirkis trouve à la fois triste et bien que 3e sexe soit toujours d'actualité : "Le monde est toujours raciste et homophobe mais la jeunesse est porteuse d'espoir là-dessus", dit-il.