La Story Nostalgie

C'est arrivé en juin à Jean-Jacques Goldman

24 juin 2025 | 3 min 40 sec

En ce mois de juin 1988, Jean-Jacques Goldman termine sa conquête du showbiz français par une tournée parisienne des salles qui le voit arpenter des scènes à taille variable, de la Cigale au Zénith.

Juin 1988, ce n’est pas seulement les années fameuses années insouciantes qui tirent à leur fin, ni l’époque des chemises à rayures et pull Lacoste, c’est surtout pour tous les élèves de secondaires qui tournent une cassette de Jean-Jacques Goldman dans leur baladeur d’être à Paris. Car depuis le mois dernier, l’artiste qui ne fait rien comme les autres, a entamé une tournée parisienne. Oui, au lieu de jouer au finish dans une salle, il en fait plusieurs, de la plus petite à la plus grande. Déjà, ça permet à ceux qui ont des préférences de choisir la taille du lieu. Bon, il fallait être rapide et surtout se pointer tôt devant le guichet pour les deux soirs au Bataclan et les trois à l’Olympia. Après c’était déjà la jauge de 4500 sièges du palais des Sports qui s’est  également rempli très vite pour deux semaines jusqu’à la fin du mois.

Et donc en ce mois de juin, direction le tout récent Zénith. Une semaine remplie en un clin d'œil, puis on ouvre une seconde semaine et rebelotte, plus un strapontin de libre. Jean-Jacques aurait pu faire Bercy, tout aussi neuf, mais il choisit la proximité, la chaleur du public, l’intimité dans la foule. Alors le public vient de toute la France. Des cars entiers arrivent de Bretagne, d’Alsace, de Lyon. Des gamins avec des t-shirts marqués Minoritaire. Des couples qui se tiennent la main pendant Il changeait la vie. Et des larmes qui coulent au coin des yeux pendant Comme toi. Le show, lui, est millimétré mais sans chichis, c’est pas du Johnny. Pas de flammes, ni de cascades. Juste Goldman, ses potes musiciens, sa guitare rouge et des mots qui vont droit au cœur.

En ce mois de juin, dans un Paris encore un peu noir de la désillusion du grand rêve Mitterrand, Goldman donne treize concerts avec chaque soir, un public qui chante toujours plus fort que la veille. Et c’est peut-être ça, le vrai miracle de juin 1988. Ce n’est pas la performance, ni les ventes de disques. C’est ce moment suspendu où la France chantait en chœur, sans cynisme, avec un gars qui n’a pas besoin de costume à paillettes pour briller. Comme il le dit dans une interview qu’il donne pendant la série, ce sont les spectateurs qui m'ont appris la scène, qui me l'ont fait aimer. A priori, je suis le contraire d'un homme de scène. Gauche, lent à la répartie, introverti. Mon énergie, c'est celle qu'ils me communiquent. Mon plaisir, c'est celui de passer une soirée ensemble, autour de choses qui touchent. C'est pourquoi je ne cherche pas à jouer devant des « curieux », à racoler le plus de monde possible.

Oui, je sais, on a vécu la même expérience quelques mois plus tard à Bruxelles, à Forest National. Six soirées consécutives fin novembre, début décembre et trois supplémentaires en janvier suivant qui feront dire à un journaliste : si Michael Jackson met des mois à réunir 60000 Belges pour un soir, Jean-Jacques Goldman a vendu 72000 tickets à la vitesse de la lumière. Sans doute est-ce parce que le public sent que Goldman fait ça par plaisir et pour aucune autre raison. Les gens savent qu’il est allé jouer au Congo, dans les îles, là où il n’y avait pas un franc à gagner, et parce que ses musiciens étaient OK d’y aller. Jouer, être avec les autres. Le plaisir, et rien d’autre.

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Depuis plus de 20 ans, Brice Depasse vous emmène dans les coulisses des légendes du rock, de la pop, et des années 70 et 80 dans. Il vous fait voyager à travers les époques, en vous dévoilant les anecdotes les plus croustillantes et les histoires fascinantes des plus artistes de notre temps.

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