L'Inspecteur Harry a 50 ans

C'est en effet le 16 février 1972 que Inspecteur Harry avec Clint Eastwood sortait à Paris en version française. Nous, les Belges et Français du Nord et de l’Est, devrons attendre encore quelques semaines avant de voir arriver ce film dans nos salles. Et pour certains dont moi, le rendez-vous sera encore reporté car le film est interdit aux moins de 16 ans. La cause : des scènes d’action et des dialogues trop crus pour nos jeunes yeux et oreilles, paraît-il.

Pas un officier comme les autres

Alors il nous reste à fantasmer sur ce policier pas comme les autres (comme JP Belmondo va bientôt les incarner, est-ce un hasard). Dirty Harry, le titre original, est une révolution dans le film de flics. Si trois ans plus tôt, le Bullit avec Steve McQueen sortait déjà des clous, Harry Callahan incarné par Clint Eastwood est clairement en dehors des canons d’Hollywood. Mais là où le succès de ce film est le plus étonnant, est que jusque-là pour le public et même les producteurs, Clint Eastwood n’est pas un officier de police moderne mais un cowboy : la série Rawhide et les trois films de Sergio Leone lui collent à la peau au point qu’il a refusé de tourner Il était une fois dans l’ouest, laissant à Charles Bronson le rôle de sa carrière.

Comme ce film fait un joli score en salles, des producteurs lui mettent dans les mains un scénario dans lequel il est question d’un flic de Seattle. Ce projet de film n’est pas frais, il est même frelaté. D’abord refusé par Paul Newman, il est passé dans les mains de Frank Sinatra qui y a renoncé pour raison de santé. Clint Eastwood décide de ne pas le réaliser et de faire appel à un réalisateur avec qui il a déjà tourné : Don Siegel. Quant au scénario, il le retravaille : tout d’abord le lieu : ce ne sera plus Seattle mais San Francisco. Ensuite le personnage de flic qu’il rend aussi impitoyable que dans ses rôles de Cowboy.

Dirty Harry rencontre un énorme succès aux Etats-Unis et se trouve un large public en Europe, ce qui est loin d’être évident car le film est interdit aux moins de 16 ans comme je vous l’ai dit.

Ce film et les épisodes suivants va cependant achever de donner à Clint Eastwood une image de brute et de dur à cuire. A nouveau, l’acteur devra se servir de sa casquette de réalisateur pour se mettre en scène dans des rôles d’anti-héros comme Un monde parfait et Sur la route de Madison.

Un exploit remarquable qui, allié à sa longévité, fait d’Eastwood une personnalité unique dans l’Histoire du cinéma.

A 91 ans, il est toujours aussi in, aussi branché au point d’en avoir fait oublier depuis longtemps cette période où il faisait courir en salles les fans de Steve McQueen et de Bruce Lee dont, je l’avoue, je faisais partie. Et vous ?