Godard, c'est Jean-Paul Belmondo, cette image d'une jeunesse insolente de créativité, d'envie de vivre, de casser les codes dans A bout de souffle, le film qui fait de ces deux artistes des stars mondiales au début des années 60. Grâce à ce film novateur, le monde n’a alors plus d’yeux que pour la Nouvelle Vague qui portera au firmament du 7e art de nombreux réalisateurs français comme François Truffaut et Claude Lelouch.
On a tous en nous quelque chose de JP Belmondo, Brigitte Bardot, Michel Piccoli, Anna Karina, Sami Frey ou Claude Brasseur filmés par Godard dans Le mépris, Pierrot le fou, Bande à part ou encore Une femme est une femme.
C’est ce que nous nous sommes dit, consciemment ou pas, après les avoir vus en salles ou à la télé dans Le cinéma de Minuit. Certes, à force de ne pas vouloir faire le cinéma de tout le monde, Godard nous a perdus dans les années 70 avec sa vidéo avant l’heure, son apologie du socialisme, son cinéma vérité. Mais on ne peut jeter la pierre à celui qui nous a fascinés et qui compte parmi ses fans les plus ardents des George Lucas, Martin Scorcese ouSteven Spielberg (leurs premiers et mythiques films ne manquent pas de références).
"Et mes fesses, tu les aimes, mes fesses ?", dit B.B. à un Piccoli désabusé sous le soleil pourtant si merveilleux de la Côte d’azur. Pendant que Claude Brasseur, Sami Frey et Anna Karina font la course dans la Grande Galerie du Louvre puis dansent le Madison dans un bistrot. Des phrases cultes, des images mythiques, des scènes impossibles à filmer mais filmées malgré tout, comme celle de la minuscule chambre d’hôtel avec Belmondo et Jean Seberg. Et que dire de ce baiser qu’elle lui donne dans une rue de Paris et qu’on a vue des milliers de fois sur les sites sociaux.
Godard c’est pour toujours Belmondo en costume chapeau, la cigarette au bec en noir et blanc mais aussi en couleurs, le visage peint en bleu sous un ciel intense. "Le cinéma n’est pas à l’abri du temps. Il est l’abri du temps", disait Godard, aussi je ne crains pas de le réduire en vous disant que pour savoir ce qu’étaient les années 60, il faut regarder les films de Godard et regarder vivre la jeunesse de l’époque comme si vous étiez là, juste à ses côtés.
Enfin, n’oublions pas le récent et génial Le redoutable, film dans lequel Michel Hazanavicius (oui, le papa desOSS 117 avec Jean Dujardin) fait revivre un Godard jeune, avec ses prises de tête mais aussi son humour, incarné par le tout aussi génial Louis Garel.
Jean-Luc Godard fut un des rares cinéastes stars de l’histoire du cinéma ; le plaisir qu’il nous a apporté le valait bien. Il nous reste à espérer que pour l’occasion, une plateforme de streaming mette en ligne ses classiques afin que nous puissions une fois encore faire ce voyage dans une Nouvelle Vague d’un autre temps.