La Story Nostalgie

Septembre 1989 pour Jean-Louis Aubert et toujours en été

6 septembre 2025 | 7 min 54 sec

Quand Jean-louis Aubert chante Voilà, c'est fini, en septembre 1989, on croit qu'il fait allusion au groupe Téléphone, séparé depuis maintenant trois ans. Et bien c'est vrai ...

Premier septembre 1989, c’est toujours l’été, les années 80 se terminent sans qu’on ne fasse trop attention à la décennie de fous qu’on vient de vivre. Dix années où tout est arrivé, où la révolution du monde du cinéma, de la musique, de la télé et des jeux vidéos a donné des couleurs comme rarement à deux générations de teenagers qui s’y sont superposés en partageant la même production foisonnante de ce qu’on n’appelle pas encore la Pop Culture.

Finalement, le seul moment mélancolique de ces années folles ce premier septembre, n’est-il pas la nouvelle chanson de Jean-Louis Aubert qui paraît en single. Il y a évidemment mille façons de comprendre ce texte mais il faut bien avouer qu’elle noue la gorge et l’estomac, elle nous parle ! La fin d’une époque, fin d’un amour et bien sûr, pour Jean-Louis, la fin de Téléphone.

Alors on les imagine, avec son aide poétique et musicale, les quatre membres de Téléphone qui n’ont pas pu aller plus loin ensemble que le milieu des années 80. Deux par deux, ils ne s’entendent plus. Jean-Louis et Corinne n’aiment pas les nouvelles chansons mièvres de Jean-Louis, malgré les ventes astronomiques du nouveau single. Ils s’entendent sur l’insistance de Jean-Louis et Richard, et puis du manager de Téléphone enregistrer un nouvel album. Puis ils feront un break, pas de tournée. Et certainement pas Bercy, la nouvelle salle qui leur tend les bras.

Mais dès le premier jour des répétitions, Corinne pose sa basse. Les titres de Jean-Louis, Juste une illusion et Plâtre et ciment, ne sont vraiment pas, dit-elle, des chansons pour Téléphone. Elle n’y arrive pas, n’y arrive plus. La répétition tourne court, on se perd dans de longues discussions stériles sur la direction musicale du groupe, et bien sûr les énormes enjeux financiers désormais autour du groupe. Où est encore le rock’n’roll dans ce qu’ils font ?

C’est vrai, dit Jean-Louis, j’ai l’impression d’aller à l’usine en venant à cette répétition, ça ne va pas. C’était pas comme ça, avant.

Une réunion est fixée quelques jours plus tard dans le café de la rue de Belleville qui huit ans plus tôt avait vu les débuts improbables de cette bande de jeunes fous, un peu destroy, dont la vie pulsait au rythme du rock, des copains et de la fête. On n’en est plus là. L’entrevue prend des airs de dernier verre ensemble avec au-dessus de leur tête le nom tout aussi improbable de leur projet commun : Téléphone. Aucun d’eux n’est soulagé ni joyeux, c’est dans une atmosphère de profonde tristesse qu’ils disent adieu au bistrot de quartier de leur jeunesse et à leur aventure folle. Un adieu alourdi par le courrier des fans qui leur reprochent de les abandonner, là, au milieu de cette décennie qui, décidément, n’a pas été avare de surprises, bonnes et mauvaises.

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Depuis plus de 20 ans, Brice Depasse vous emmène dans les coulisses des légendes du rock, de la pop, et des années 70 et 80 dans. Il vous fait voyager à travers les époques, en vous dévoilant les anecdotes les plus croustillantes et les histoires fascinantes des plus artistes de notre temps.

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