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Kim Wilde

Kim Wilde, la fille de l'été 81

Juin 1981, alors que les Duran Duran, Police, Ultravox et autres Orchestral Manoeuvres font déferler une nouvelle vague sur l’Europe, le mouvement se cherche encore une égérie : avec un premier 45 Tours tonitruant paru au début de l'année et un album au début de l'été, ce sera Kim Wilde.

Juin 1981, alors que les Duran Duran, The Police, Ultravox et autres Orchestral Manoeuvres in the Dark font déferler une "nouvelle vague" sur l’Europe, le mouvement se cherche encore une égérie. Un truc de mecs, la New Wave ! Pourtant, de l’autre côté de l’Atlantique, il y a Debbie Harry, quoique les Blondie viennent de prendre un sérieux virage vers la pop avec leur dernier album.

C’est en ce moment de début des grandes vacances que Marty Wilde, un vieux de la vieille qui a connu son heure de gloire dans les années cinquante, joue sa carte maîtresse en sortant l’album de sa fille. Après les énormes tubes qu’ont rencontré ses deux premiers singles sortis au cours du trimestre écoulé, Kim Wilde est la nouvelle révélation des Top 50. Sur la pochette du 33 Tours elle apparaît T Shirt blanc, les bras croisés et les jambes dans un jeans bleu, bien plantées dans le sol, pour montrer son assurance. Derrière elle, avec la mine renfrognée, ses trois musiciens disparaissent dans le noir comme les Beatles sur leur second album. Ou plutôt sur le premier album des Blondie, non ? Oui, c’est vrai, maintenant que vous le dites, on dirait qu’il y a une volonté de prendre une place laissée vacante.

Kim Wilde 1981

Et de fait, le premier album de Kim Wilde propose de la new wave rock, directe mais très chantante, avec des refrains calibrés pour que les ados les reprennent en choeur dans leur chambre ou dans les boums. L’affaire est entendue.

Très vite, comme pour Debbie Harry trois ans auparavant, Kim Wilde devient un phénomène. A quoi on voit ça ? Toutes les filles adoptent sa coiffure, ce brushing aérien avec les cheveux teints en blond mais pas jusqu’à la racine comme son modèle, Debbie Harry. Car si cette dernière est la femme idéale, fatale, tout chez Kim Wilde incarne l’adolescente dans laquelle le public doit se reconnaître. Ses traits, son maquillage, ses attitudes, tout est straight et simple, ce qui a pour effet de laisser filtrer une féminité ingénue diablement efficace.

Kim Wilde

Le fait que le plus célèbre des adolescents attardés, Laurent Voulzy, en soit devenu marteau au point de guetter chacun de ses passages télévisés pour déclencher son magnétoscope est révélateur. Et comme il ne sort pas souvent de chez lui, cela lui donne l’occasion de se faire de belles cassettes. C’en est à un tel point que son partenaire, Alain Souchon, lui dira un jour : et si on en faisait une chanson ?

Un an après Kids in America, Kim Wilde n’est plus un groupe rock new wave mais une jeune fille seule désormais romantique qui chante View from a bridge et Cambodia, tandis que de l’autre côté de la Manche, Laurent Voulzy actionne son magnétoscope entre deux parties de flipper, avant de rêver d’elle au petit matin, quand il n’en peut plus de ses nuits blanches sans Kim Wilde.