La Story Nostalgie

John Williams, dans l’ombre avant d’être une star (Episode 4)

27 mars 2025 | 3 min 31 sec

Il fut un temps où John Williams était un pianiste qui se destinait à une carrière de jazzman sur scène. Puis vint ce jour des années 50 où dans un studio d'Hollywood sans le savoir, il forme le duo le plus incroyable de l'histoire du cinéma en collaborant au même morceau bientôt légendaire.

Nous sommes à Hollywood, Los Angeles, en 1958. L’âge d’or du cinéma mais aussi depuis peu, une usine à séries télévisées. Ah ce sont deux choses bien distinctes car la télé c’est de la fiction vite faite, vite consommée, une véritable usine. Et justement, on est occupé à y monter la seconde série créée par un jeune réalisateur répondant au nom de Blake Edwards. On le dit prometteur même si les quelques films qu’il a réalisés pour le cinéma n’ont pas trouvé leur public. Mais bon, il faut qu’il fasse ses armes et justement, cette série policière de la chaîne NBC (pour laquelle entre parenthèses travaille à New York le jeune Woody Allen) semble prometteuse. Ça parle d’un détective avec de forts penchants pour les femmes, l’alcool et le jazz, son nom : Peter Gunn.

Ah, s’il est question de jazz, il faut confier la musique à un spécialiste de la bande originale et du jazz : Henry Mancini. Lequel s’exécute mais allez savoir si c’est faute de temps ou de cachet, il faudrait un solide pianiste pour arranger et exécuter ça, vite fait aussi, bien sûr, on est à Hollywood et on a autre chose à faire. Ah oui, et qui ne soit pas trop gourmand non plus.

On n’a qu’à demander à Johnny. Johnny Williams, c’est ce pianiste qui joue à gauche à droite, et qui travaille aussi pour les studios Universal. Un gars très cool qui ne fait jamais d’histoires. Parfait !

Johnny, John de son vrai prénom, mais Johnny ça fait plus jazzman pour les engagements dans les clubs, vient en studio pour 40 dollars et en trois heures, il plie le thème de Peter Gunn, sans avoir conscience, évidemment, du destin exceptionnel que va connaître ce morceau qui constitue la collaboration improbable de deux des plus grands compositeurs de l’histoire du cinéma. Oui, qui sait encore aujourd’hui à quoi ressemblait cette série, qui était ce Peter Gunn. Mais tout le monde connaît le morceau et aussi, sait qui est Blake Edwards, qui ne manquera pas de faire appel à Henry Mancini quand il tournera deux ans plus tard Breakfast at Tiffany’s et puis encore plus tard La Panthère Rose.

Quant à Johnny ? Et ben il va laisser tomber le y, les p’tits concerts de jazz et se consacrer à ses œuvres pour orchestre classique. Car autant il n’a jusqu'ici jamais cru qu’il arriverait à vivre de la composition, c’est vrai il n’y a que jouer du piano pour faire bouillir la marmite, autant grâce à ce Peter Gunn, on va commencer à lui proposer des musiques de film. Et il va ainsi traverser les années 60 à pondre des bandes originales de petits films jusqu’à cet Oscar pour une chanson qu’on a oubliée mais qui lui vaut de passer la vitesse supérieure et de devenir le compositeur attitré de films d’un nouveau genre au début des années 70 : les films catastrophes. Et après un Poséidon, un Tremblement de terre et une Tour infernale, John Williams est contacté par le jeune Steven Spielberg à qui Williams offre la recette ultime : le thème musical, pièce essentielle du scénario … Les Dents de la Mer. De là à ce que Spielberg le recommande à son ami George Lucas, il n’y avait qu’un pas, et 54 nominations aux Oscars plus tard, qui ignore le nom de John Williams ?

A la suite...

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Depuis plus de 20 ans, Brice Depasse vous emmène dans les coulisses des légendes du rock, de la pop, et des années 70 et 80 dans. Il vous fait voyager à travers les époques, en vous dévoilant les anecdotes les plus croustillantes et les histoires fascinantes des plus artistes de notre temps.

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