La Story Nostalgie

Que reste-t-il de Serge Gainsbourg ? (Episode 4)

13 mars 2025 | 3 min 6 sec

Chaque année, au début du mois de mars, le souvenir de Serge Gainsbourg résonne dans la mémoire de ceux qui ont connu son époque. Et alors que sa maison rue de Verneuil, à Paris, est devenue un musée, de se demander que reste-t-il de Gainsbourg ?

Que reste-t-il de Serge Gainsbourg ? C’est vrai que quelques anecdotes sont passées dans le domaine public. Le seul problème c’est que beaucoup de chroniqueurs reprennent toujours les mêmes, alors que reste-t-il de cette histoire incroyable ?

Un an après le Grand Prix Eurovision avec France Gall, Gainsbourg gagne enfin convenablement sa vie en droits d’auteur. Mais bon, les albums qu’il sort sous son nom continuent à ne pas bien se vendre. 20.000 pour Gainsbourg à côté des 800.000 de Johnny, ça fait une sacrée différence pour deux artistes qui sont aussi présents dans les médias. La spécialité de Gainsbourg, ce sont les émissions de variétés mises en scène, genre Carpentier ou Sacha Distel. Serge n’a en effet pas son pareil pour imaginer des sketchs souvent drôles, parfois pathétiques auxquels tout le monde se prête.

Et puis, il y a le cinéma où il n’arrête pas de tourner. Oh pas des grands films mais il a un style, alors ce n’est pas désagréable à regarder. Ainsi en août 1966, il est à l’affiche d’Estouffade à la Caraïbe, un polar nanar où il donne pourtant la réplique à Jean Seberg, l’inoubliable partenaire de Belmondo d’A bout de souffle. Le dernier soir des six semaines de tournage en Colombie, Gainsbourg dîne dans un restaurant où après avoir allumé une cigarette, il jette une allumette distraitement par-dessus son épaule. Celle-ci atterrit dans une décoration de plantes séchées et met le feu à l’établissement en quelques secondes. Sorti en courant avec le personnel et la clientèle, il regarde flamber l’établissement en s’exclamant, C’est moi qui ai fait ça ? Pas fier et inquiet de ce qui pourrait lui arriver en ces contrées lointaines et incertaines, Gainsbourg passe sa dernière nuit latino-américaine non pas à son hôtel mais chez une prostituée.

Et lorsque le lendemain il vient reprendre sa valise avant de filer à l’aéroport, des policiers l’attendent et l’emmènent au poste. Le producteur du film flairant la catastrophe, lui envoie un avocat genre « Bourbon & costume blanc » comme on n’en voit que dans les films noirs américains des années 40.

- Un conseil : niez tout en bloc. Ce n’est pas vous qui avez jeté l’allumette puisque vous n’avez pas fumé.

Serge Gainsbourg ment donc mais souffre le martyr durant les treize heures d’interrogatoires, de voir les policiers griller cigarette sur cigarette. Mais il ne bronche pas.

Finalement, la production du film paie les dégâts et Gainsbourg est libéré. Au moment de quitter le bureau de police, un officier lui tend son paquet de cigarettes : Serge en prend une aussi sec.

-  Vous voyez que vous fumez !

Et Gainsbourg de répondre avec ce demi-sourire, qu’il a légué à sa fille :

J’ai dit que je n'avais pas fumé mais je n’ai jamais dit que je ne fumais pas.

A la suite...

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Depuis plus de 20 ans, Brice Depasse vous emmène dans les coulisses des légendes du rock, de la pop, et des années 70 et 80 dans. Il vous fait voyager à travers les époques, en vous dévoilant les anecdotes les plus croustillantes et les histoires fascinantes des plus artistes de notre temps.

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