La Story Nostalgie

Où sont passées nos années 80 ? (Episode 4 : Frankie Goes To Hollywood)

28 février 2025 | 3 min 32 sec

Si on sacralise aujourd’hui autant les années 80, c’est en grande partie parce qu’elles incarnent celles d’une totale liberté. En 1980, le vent de liberté soufflait enfin sur les médias radios et télés, le terreau idéal pour un Frankie Goes to Hollywood.

Dans les années 80, il n'y avait pas que la parole qui se libérait comme dans l’émission du samedi soir où tout le monde était censé avoir son droit de réponse. Ca s’engueulait plutôt joyeusement dans une atmosphère alcoolisée et enfumée mais ça existait. Après les bravades de la bande de Jacques Martin durant les années 70, défiant l’autorité, on en était maintenant à celles de Coluche et de Pierre Desproges, ex-complice de Martin, à la télé, sur disque et sur scène. Guy Bedos et Michel Serrault pirataient les émissions de Michel Drucker et les JT, Canal+ osait tout diffuser, poussant les chaînes généralistes à des émissions osées en seconde partie de soirée. On parlait sexe à la télé, on en montrait même, la chose aurait été impensable quelques années plus tôt.

Mais n’allez pas croire que tout le monde aimait ça. Ah noon combien étaient ceux qui écrivaient au courrier des lecteurs ou téléphonaient aux auditeurs ont la parole pour dire tout le mal qu’ils pensaient de cet imbécile de Coluche ou du vulgarissime Gainsbourg … à la grande satisfaction d’autres car plus ils étaient critiqués, plus ils vendaient. Et oui. Dans les années 80, la provocation fait vendre comme jamais. Car à une époque où on n’a jamais vendu autant de produits culturels, disques, CD, cassettes vidéos, livres, la provocation, c’est la visibilité dans la presse magazine qui, elle aussi, n’a jamais connu une telle audience. Et ce qu’on oublie souvent, c’est que la provoc n’est pas l’apanage de Paris, c’est même plutôt une spécialité britannique. Il faut dire que la société était autrement plus stricte et donc, les scandales encore plus percutants. Regardez la campagne promo des Sex Pistols : de la pochette du single God Save the Queen, aux tenues vestimentaires du plus mauvais goût, en passant par les bagarres, tout y est passé. Tout ? Non. Il reste encore, en 1983, de la marge dans le registre tapageur. Celui qui va servir au groupe Frankie Goes To Hollywood qui va, en fait, reprendre l’argument commercial qui avait servi à lancer les Rolling Stones, tout juste 20 ans plus tôt.

Car c’est là qu’intervient Brian De Palma, réalisateur à succès mais sulfureux, avec son nouveau thriller, Body double avec pour thème le sexe et le voyeurisme, des références à Hitchcock mais dans une atmosphère de libération sexuelle. L’idée géniale du réalisateur américain est de promouvoir son film avec le clip du single d’un groupe provocateur et qu’on va voir intégralement dans le film. Mais les gars de Frankie n'aimant pas le résultat, choisissent de tourner une nouvelle vidéo, qui sera censurée à la télévision, les obligeant à en tourner une troisième. Entretemps, la publicité faite autour de la censure aura propulsé le single à la première place des classements.

A la suite...

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Depuis plus de 20 ans, Brice Depasse vous emmène dans les coulisses des légendes du rock, de la pop, et des années 70 et 80 dans. Il vous fait voyager à travers les époques, en vous dévoilant les anecdotes les plus croustillantes et les histoires fascinantes des plus artistes de notre temps.

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Où sont passées nos années 80 ? (Episode 4 : Frankie Goes To Hollywood)
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