La Story Nostalgie

Sur scène avec Bob Marley

26 juin 2025 | 3 min 8 sec

Bob Marley à Forest National en 1978. Un souvenir impérissable. Des décibels, un charisme redoutable et surtout, le reggae, cette musique de jeunes au sommet de sa popularité et à nulle autre pareille.

Ceux qui ont vu Bob Marley sur scène n’ont jamais pu l’oublier.

Ceux qui ont vu Bob Marley savent ce qui se passait quand il était dans la salle. Je vous raconte ?

Fermez les yeux une seconde. Imaginez… la grande fosse de Forest National en 1978, le moment où on éteint les lumières, la clameur, la chaleur presque moite, et voilà le lieu devenu subitement un temple. Un projo sur scène, il est là. Bob Marley. Silhouette fine, dreadlocks dansant au rythme du groove de son discours de bienvenue et sa voix, … Ah, sa voix, elle s’élève comme un cri d’espoir, comme une prière musicale. La foule est déjà conquise. Ce n’est pas un concert. C’est une cérémonie. Une messe rasta. Les bras se lèvent, les corps ondulent doucement, comme portés par un courant invisible. Pas besoin de savoir danser, ici c’est l’âme qui bouge. Même les plus raides deviennent fluides. Et Marley, lui, il est comme toujours, habité. Yeux mi-clos, sourire discret, il prêche, en musique.

Déjà en arrivant, devant Forest National il y avait cette foule immense, colorée, bigarrée, des jeans pattes d’eph et des chemises bariolées, évidemment, mais aussi des écharpes rasta, et des effluves qui chatouillaient les narines. Ça parlait français, flamand, anglais, ça rigolait, ça planait déjà un peu. Ce soir, Bob Marley est à Bruxelles. Un Bob qui, si ne parle pas beaucoup entre les chansons, rayonne. Il est le chef d’orchestre d’un truc bien plus fort que lui. Quand il entonne Punky Reggae Party, Forest devient un village. On se connaît pas, mais on se serre. On chante. Y a cette nana juste devant, les larmes aux yeux et ce gars torse nu qui bat le rythme comme s’il était en transe. C’est que Bob, il chante pas seulement pour les oreilles, il chante pour les tripes. Et puis arrive No Woman No Cry. Là, tout le monde se lève, bien sûr. Mais c’est plus que ça. C’est une clameur. Une déclaration. Comme si pendant quelques minutes, la Belgique entière se dressait contre l’injustice du monde. Dans le noir de Forest National, on voit s’allumer des centaines de petites flammes humaines et des briquets aussi. Une communion.

Quand les lumières se rallument à la fin, les gens ne bougent pas. Ils restent là, hébétés, rincés, heureux. Comme si un prophète venait de passer, avec une guitare, un sourire, et une vérité simple : l’amour, la paix, la dignité. Ce soir de 1978, comme toutes les autres fois, à Bruxelles, Bob Marley n’a pas donné un concert. Il a allumé la lumière.

Et ceux qui y étaient s’en souviennent encore, pas vrai, le cœur qui bat un peu plus lentement, mais toujours en rythme.

La Story Nostalgie

Depuis plus de 20 ans, Brice Depasse vous emmène dans les coulisses des légendes du rock, de la pop, et des années 70 et 80 dans. Il vous fait voyager à travers les époques, en vous dévoilant les anecdotes les plus croustillantes et les histoires fascinantes des plus artistes de notre temps.

La Story Nostalgie
Sur scène avec Bob Marley
00:00
00:00