La Story Nostalgie

1965 L'année Louis de Funès (Episode 3)

11 septembre 2025 | 5 min 40 sec

Brice Depasse vous raconte comment l’enchaînement de succès et surtout la longue carrière des films en salles ont fait de Louis de Funès, jusque-là spécialiste des petits rôles, l’acteur N°1 du cinéma européen en 1965.

Quelques semaines après la sortie de Fantômas, le réalisateur André Hunebelle songe à réaliser une suite. Ça se passera au Sahara et ce sera très exotique, déclare-t-il dans la presse. On sent qu’il a déjà tourné deux OSS 117 et puis il y a les James Bond au sommet du box office. Et oui, ce sera bien évidemment avec Jean Marais et Mylène Demongeot, mais Hunebelle ne mentionne pas Louis de Funès. Pas qu’il soit fâché avec lui, Louis et lui se connaissent depuis près de vingt ans et ont déjà tourné ensemble plusieurs films, mais c’est plutôt parce qu’il souhaite que son Fantômas contre Interpol soit un film d’action pure, pas une comédie.

Mais voilà, le triomphe exponentiel de Louis de Funès, écrasant même les films d’action au box office, y compris Goldfinger, le dernier James Bond, fait réfléchir le producteur réalisateur. Alors, au grand dam de Jean Marais, de Funès revient au casting et les scènes comiques se multiplient au fur et à mesure de l’écriture du scénario.

Bien sûr, on remarque les heures de maquillage de Jean Marais pour se transformer en Fantômas, mais aussi en professeur Lefèvre et même en commissaire Juve. Mais il va être éclipsé par les déguisements de Louis de Funès en colonel italien, valet de chambre, contrôleur de train, évêque ou encore pirate de bal masqué. Mais comment fait-il ? Car contrairement à ce qu’on pourrait penser, ou à certains témoignages qui circulent, Louis de Funès, en 1965, amuse les équipes.

A table, au déjeuner, il est toujours avec Mylène Demongeot, les seconds rôles et les techniciens qu’il ne cesse de faire rire. En clair, Louis teste ce qu’il va faire devant la caméra. C’est vrai, au théâtre, on sait si ce qu’on dit ou ce qu’on fait est drôle : on entend le public rire, retour immédiat. Au cinéma, il faut que le film soit projeté pour le savoir, et là, inutile de dire que si c’est pas drôle, c’est trop tard. Et donc, en bon professionnel, éternel inquiet, Louis fait endosser aux équipes techniques et aux autres acteurs, le rôle du public dont il a besoin pour ne pas se tromper, être le meilleur.

Et il y arrive. Si Fantômas se déchaîne, car Hunebelle a finalement abandonné les titres de Fantômas contre Interpol et Fantômas revient, n’arrive pas à la hauteur du score du premier. Il bat malgré tout Le gendarme à New York dont la réalisation hâtée a finalement eu raison du bouche-à-oreilles.

Mais qu’on ne s’y trompe pas, c’est à coup de millions que les gens se sont déplacés pour ces deux films qui vont tenir l’affiche une éternité dans les salles les plus reculées de France et d’Europe. Vraiment, en ces fêtes de fin d’année 1965, quand Louis de Funès tient le compte depuis Pouic Pouic, deux ans plus tôt, il s’est retrouvé à l’affiche dix fois, pas un semestre sans film avec lui. Il est devenu une vedette énorme, lui, le spécialiste de la figuration dans les années 40, du petit rôle la décennie suivante, et a vécu une année 1965 comme aucun comédien n’en a vécu, même dans l’histoire d’Hollywood. Et si l’Amérique ne succombe pas à son jeu, la belle affaire !

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Depuis plus de 20 ans, Brice Depasse vous emmène dans les coulisses des légendes du rock, de la pop, et des années 70 et 80 dans. Il vous fait voyager à travers les époques, en vous dévoilant les anecdotes les plus croustillantes et les histoires fascinantes des plus artistes de notre temps.

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