La Story Nostalgie

1965 L'année Louis de Funès (Episode 1)

9 septembre 2025 | 5 min 54 sec

Brice Depasse vous raconte comment l’enchaînement de succès et surtout la longue carrière des films en salles ont fait de Louis de Funès, jusque-là spécialiste des petits rôles, le N°1 du cinéma européen en 1965.

Il faudra attendre un jour lointain pour que les historiens qualifient notre époque de charnière. Ainsi, 60 ans après, nous pouvons dire que 1965 en a été une avec l’entrée de l’Amérique dans la Guerre du Vietnam, le mouvement des droits civiques aux Etats-Unis mais aussi le succès mondial d’artistes rock comme les Rolling Stones, Bob Dylan et bien sûr, les Beatles qui ont eu un impact considérable sur toute une génération et au-delà. Et c’est au milieu de ce bouleversement qu’un petit acteur français, présent dans le métier depuis vingt ans, spécialiste des seconds rôles, avec plus de cent films au compteur, va se hisser au sommet du box-office européen.

Oui, contre toute attente, c’est ce second couteau, devenu récemment vedette du théâtre de boulevard, qui va, entre guillemets, sauver le cinéma européen de l’effondrement des fréquentations en salle : - 75% ces dix dernières années. On ne compte plus les fermetures des cinémas de village et de quartier, partout en France, Angleterre, Belgique, Allemagne. Sauf que depuis le début de l’année, le vaste public qui avait abandonné les salles obscures pour la télévision, y revient en courant pour voir deux films dont tout le monde parle : Le gendarme de St Tropez et Fantômas. Oui, même Fantômas, où il n’a que le second rôle derrière Jean Marais, c’est à peine la presse parle de lui, fait un malheur grâce à Louis de Funès.

L’acteur est au courant de son soudain succès mais entre ceux qui disent que c’est un hasard, un long tournage en Italie qui l’emmène loin de Paris, et puis, comment savoir que ses films remplissent à Liège, Bordeaux, Nice, allez vous faire une certitude. Ça fait tellement longtemps que Louis est noyé dans la masse de ceux se battent pour un jour ou deux de tournage !

Mais voilà, ce 25 mars 1965, jour de la sortie du Corniaud, première grosse production où son nom figure en haut de l’affiche, va tout changer. Les critiques de presse, tout d’abord, puis les entrées en salles qui semaine après semaine augmentent. Je vous le demande, quand a-t-on vu ça ? 71.000 spectateurs à Paris, la première semaine, plus de 900.000 à la fin de l’année. Et puis il y a la province, et l’étranger, chez nous, le film ne sort qu’en octobre, sous le titre De snul en Flandre, tant et si bien que fin de l’année suivante, Le Corniaud franchit la barre des 8 millions d’entrées. Fin de l’année suivante, … Ah c’est certain, le monde a bien changé. Aujourd’hui sur les plateformes, nous sommes parfois des millions à regarder un même film ou épisode de série, le premier jour de sa diffusion. En 1965, à Bruxelles, les quatre derniers de Funès sont à l’affiche en même temps, en 25ème, voire en 50ème semaine. Car on en parle : je suis allé voir, j’ai ri du début à la fin. Il est incroyable.

Alors oui, même si on évoque surtout la sortie de Thunderball, le 4ème James Bond, du Docteur Jivago, avec ses cinq Oscars, de Pierrot le fou de Godard, avec Belmondo, et du Help! des Beatles, 1965 fut bel et bien, l’année Louis de Funès, et le début du règne d’un acteur, à l’échelle de l’Europe.

La Story Nostalgie

Depuis plus de 20 ans, Brice Depasse vous emmène dans les coulisses des légendes du rock, de la pop, et des années 70 et 80 dans. Il vous fait voyager à travers les époques, en vous dévoilant les anecdotes les plus croustillantes et les histoires fascinantes des plus artistes de notre temps.

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