La Story Nostalgie

Hey Crooner (Episode 5) : Amy Winehouse

18 décembre 2025 | 7 min 24 sec

Ecouter Amy Winehouse à la Noël ? Pourquoi pas. C'est même indiqué si on veut rester dans le registre crooner. Les femmes qui ont triomphé dans ce registre ne sont pas légion.

Mettre un disque d’Amy Winehouse et écouter sa voix, son souffle, cette technique incroyable qu’elle a acquise très jeune en imitant les grands saxophonistes de jazz. Et oui, c’est ça son secret. L’amour est un jeu perdu d’avance, c’est une expérience absolument bouleversante que d’écouter Amy Winehouse chanter ça, seule à la guitare. Toute la tristesse du blues noir américain sur des accords jazzy. Au début, Amy le chantait pour elle-même puis pour un petit public dans les clubs où tous étaient saisis par l’émotion que suscitaient ses textes. Un artiste a-t-il déjà trimballé une telle sincérité dans des chansons aussi désespérées ?

 Et puis le succès vient. Il y a de plus en plus de monde dans les salles qui deviennent de plus en plus grandes. Un public qui paie de plus en plus cher au fur et à mesure que le succès devient un triomphe puis prend des proportions inédites. Amy Winehouse est la première auteure-interprète britannique à battre les records de Kate Bush (largement d’ailleurs). Alors c’est un public qui vient communier avec une star et en veut pour ses sous. Il chante et hurle les refrains et parfois toutes les paroles avec elle. Un tel succès pour du jazz dans les années 2000, c’est fou, non ? Un jazz qu’elle joue à sa façon certes, et puis ses textes, mon Dieu, aucun crooner n’aurait jamais osé chanter ça. Si vous saviez à quoi elle fait allusion dans ses chansons, même Gainsbourg et Prince n’ont jamais osé aller aussi loin.

 Mais Amy est comme ça, Cash, et elle envoie du bois aussi bien dans ses chansons que dans la vie de tous les jours. Le premier album n’a pas trop bien marché mais le suivant, quatre ans plus tard, est un triomphe. Amy a besoin de sécurité, que quelqu’un s’occupe de la manne qui lui tombe du ciel. Mitch Winehouse devient le papa qui règle tout. Malheureusement, il ne récolte pas que des honneurs et des livres sterling, il recolle aussi les morceaux de sa fille comme les lendemains de la veille des bamboches à répétition où elle est d’humeur massacrante et puis un désastre affectif permanent.  Coiffée de son désormais célèbre chignon en choucroute à 150 livres, avec sa petite robe noire et son trait infini de eyeliner, c’est la Amy dont nous gardons le souvenir qui reçoit ce prix et quatre autres ; elle est à la fois la révélation de l’année mais aussi Award du meilleur single et meilleur album.

 Ces trophées, elle ne les recevra pas en mains propres car Amy est en duplex depuis Londres, avec son groupe et devant un public restreint ; elle n’a pas pu prendre l’avion pour Los Angeles car son visa lui a été refusé pour cause de consommation de drogue avérée. Alors oui, le coeur est à la fête ce soir, Amy interprète Rehab, bien sûr, mais aussi plusieurs autres chansons, toute sa vie en quelques lignes de poésie et accords de guitare dont elle joue divinement, tel un ange triste.

La Story Nostalgie

Depuis plus de 20 ans, Brice Depasse vous emmène dans les coulisses des légendes du rock, de la pop, et des années 70 et 80 dans. Il vous fait voyager à travers les époques, en vous dévoilant les anecdotes les plus croustillantes et les histoires fascinantes des plus artistes de notre temps.

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Hey Crooner (Episode 5) : Amy Winehouse
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