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Concert
© CANVA

Quand les artistes se rebellent contre l'Intelligence Artificielle

De tout temps, les artistes ont rusé de créativité pour se révolter contre les travers de l'industrie musicale et plus récemment, de l'intelligence artificielle qui challenge le secteur.

Prince, Taylor Swift, Elton John, Annie Lennox.. de très grands noms ont décidé de reprendre le contrôle de leur art.

Voici comment ils ont lutté contre une industrie musicale souvent sans pitié.

Un album silencieux

Kate Bush, Annie Lennox, Jamiroquai... Plus de 1000 artistes viennent de lancer un album muet.

Leur but ? Se faire entendre et protester contre un projet de loi britannique qui autoriserait les éditeurs d'intelligence artificielle à s'inspirer des oeuvres protégées sans le consentement de leurs créateurs.

L'album se compose de 12 pistes de... rien. Elles reprennent en fait l'ambiance des studios et des salles de concert vides.

Cette mobilisation s'inscrit dans un mouvement de protestation plus large. Il y a quelques jours, Elton John Dua Lipa, Paul McCartney et d'autres artistes ont publié une lettre ouerte dans le Times.

Ils y dénoncent les dérives de l'IA et demandent une protection renforcée des droits d'auteur.

Kate Bush, Annie Lennox, Jamiroquai sortent un album silencieux
26.02.2025
Kate Bush, Annie Lennox, Jamiroquai sortent un album silencieux

Changer de nom

En matière de défense pour les droits d'auteur et de bataille pour récupérer ses droits, Prince est vraiment le king.

En 1993, il a abandonné son nom de scène pour adopter un symbole fléché imprononçable. C'était sa manière à luis de contester son contrat avec Warner Bros. Ce geste radical visait à reprendre le contrôle de sa musique.

Il a finalement quitté Warner en 1996 avant d'y revenir en 2014. Cette année-là, il signa un accord lui permettant de devenir propriétaire de ses enregistrements.

Aujourd'hui encore, ses avocats continuent de surveiller de près les extraits de ses prestations sur Internet. L'artiste a été quasiment toujours absent de YouTube et des plateformes de streaming. Il a même réclamé 22 millions d'euros à des fans pour avoir posté des vidéos de ses concerts sur Facebook. Prince a ensuite retiré sa plainte.

Retrait des plateformes de streaming

En 2017, le rappeur, producteur et mari de Beyoncé, Jay-Z enlève une bonne partie de son catalogue de Spotify.

Neuf de ses douze albums sont concernés... Pour pouvoir les écouter, il faut se rendre sur sa propre plateforme de streaming : Tidal. Sa promesse : mieux payer les artistes et les maisons de disque.

Cette sous-rémunération, Taylor Swift s'en offusque aussi. Et elle n'a pas attendu l'initiative de Jay-Z pour enlever son catalogue de Spotify. Elle y enlève ses chansons dès 2014. Un retrait qui durera 3 ans.

... et réenregistrement d'albums

Pas folle, la guêpe ! Taylor Swift a réenregistré ses 6 premiers albums pour en récupérer les droits. Parmi eux : Red et 1989.

Cette stratégie paie car en réenregistrant ses chansons, l'artiste crée de nouvelles versions dont elle détient intégralement les droits.

Conséquence : les nouvelles versions concurrencent directement les anciennes qui perdent de la valeur pour les détenteurs des droits originaux.

Ce tour de force a permis à d'autres artistes de reconsidérer leurs contrats et d'être plus attentifs...

Réseaux sociaux et labels indépendants

Les artistes utilisent de plus en plus les réseaux sociaux pour communiquer directement avec leurs fans.

Exemple : Billie Eilish. Très appréciée des jeunes générations, elle a construit sa fan base sur Instagram avant même de sortir son premier album. On lui doit notamment la chanson du 25ème volet de James Bond, No time to die.

D'autres artistes ont par ailleurs fait le choix de rester indépendants.

C'est le cas de certains rappeurs dont JUL, Nekfeu et Chance the Rapper. Ce dernier a toujours distribué gratuitement sa musique. Ses revenus sont générés par ses tournées.

Plus connu du public Nostalgie : Radiohead. Le groupe a tenté le modèle "Pay what you want" pour la sortie d'un de leurs albums. Il voulait ainsi montrer qu'il était possible de s'en sortir sans maison de disque.

D'autres artistes comme Franz Ferdinand et Arctic Monkeys ont par ailleurs décollé alors qu'ils avaient un label indépendant.

De plus en plus, les musiciens veulent être les entrepreneurs de leur propre carrière. Fini les chaines, et vive la liberté !