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Radiohead
© LUCIE HERMANT

Radiohead en concert à Berlin : on y était, on vous raconte

Le groupe incontournable depuis les années 90, mené par le brillant Thom York, avait déserté la scène et les studios depuis 7 ans.

En cette fin d'année 2025, ils ont signé un retour exceptionnel pour 20 concerts dans 5 villes européennesMadrid, Bologne, Londres, Copenhague, et Berlin. On était dans la capitale allemande hier, on vous dit tout !

L'impatience

Les fans attendaient de revoir Radiohead sur scène depuis 2018, année de la tournée de leur dernier album commun « A Moon Shaped Pool ». Sept ans plus tard, on était (très !) nombreux à répondre présents. Réussir à acheter un ticket relevait de l'exploit.

On arrive donc le mardi 9 décembre 2025 devant l'Uber Arena de Berlin, quelques centaines de mètres en face des vestiges du mur et de la célèbre East Side Gallery. C'est là que Thom Yorke et comparses ont déposé leurs bagages et leurs instruments pour 4 concerts. Une salle gigantesque qui peut accueillir jusqu'à 17.000 personnes. Et c'est archi complet, tous les soirs.

Radiohead-Mania

Radiohead ne perd jamais le sens des affaires : sur leurs réseaux sociaux on peut lire que l'Uber Arena ouvre ses portes dès 15h00 pour celles et ceux qui veulent acheter un peu de merchandising. C'est accessible à tout le monde, même sans ticket. Et dès 15h00, la file est longue.

Mais ça vaut le coup pour les fans les plus investis (et sans problèmes financiers) : les produits dérivés proposés sont nombreux, colorés, tous les albums cultes sont représentés sur des t-shirt, des pulls, des sweats à capuche, des bonnets, mais aussi des posters. Des éditions limitées d'affiches, une pour chaque ville européenne où le groupe est passé lors de cette tournée 2025 sont proposées. Des affiches dessinées par Stanley Donwood, le graphiste historique de Radiohead. La pochette mythique de « OK computer », celle de « Hail to the Thief ». Le logo emblématique de Radiohead, cet ours psychotique qui a été dévoilé pour la promo de « Kid A » ? Toujours Stanley, avec Thom Yorke en équipier.

Pour les dates berlinoises, Radiohead et Stanely proposent une version revisitée de la célèbre peinture du baiser fraternel entre Brejnev et Honecker, de Dimitri Vrubel 

La scène

Dès qu'on a passé les portes de l'Uber Arena, où qu'on regarde, la foule monstre bloque presque tous les accès. Une fois installés dans la salle, on comprend : c'est gigantesque.

Au milieu de la fosse, il y une grande scène centrale et circulaire, entourée d'un rideau de lumières led à travers lequel on devine la panoplie d'instruments.

Radiohead avait annoncé leur montée sur scène pour 20h30. A 20h15, les jeux de lumière commencent pour chauffer la salle. A 20h30 précises, on devine les silhouettes des Radiohead qui arrivent via un petit escalier au centre du plateau.

Une setlist surprise

Thom Yorke et ses copains ouvrent le bal avec « 2+2=5 ». Un morceau qui met de suite la salle dans le rythme. On se lève, on tape du pied, on dodeline de la tête. Et on est directement plongés dans l'univers Radiohead qui va nous prendre par la main pendant 25 chansons plus ou moins cultes, mais toutes issues de leur (immense!) discographie.

L'une des magies de ce grand retour de Radiohead sur scène, c'est que chaque concert est différent. Ils ont annoncé que 65 morceaux étaient travaillés, prêts à être joués. Et chaque soir, ils en interprètent 25 sur ces 65. Chaque date est donc différente de la précédente, ce qui laisse une belle place à la surprise pour tous les fans qui ont vu passer des vidéos sur les réseaux sociaux, notamment. Pour ce grand retour sur scène, les génies d'Oxford font tout pour qu'on ait le sentiment d'être spécial, de vivre un moment unique... et ça marche.

Pour la deuxième chanson, le rideau de led se lève. On voit très nettement les musiciens. On identifie Thom Yorke et son déhanché endiablant, on reconnait l'allure si particulière de Jonny Greenwood, plié en deux au-dessus de sa basse, et les écrans en hauteur nous offre un spectacle immersif très travaillé. Chaque morceau a son identité visuelle, les plans s'enchaînent, on est avec eux.

Entre chaque chanson, ou presque, les instruments circulent entre eux. Et nos Radiohead se déplacent, ils font petit à petit le tour de la scène circulaire, pour offrir un moment de générosité à tous les coins de la salle. Tout est pensé pour que les quelques 17.000 personnes qui sont réunies religieusement se sentent en communion autour d'un des plus grands groupes de l'histoire de la musique.

Kind of magic

Pendant plus de deux heures, le groupe nous a transportés pour un voyage à travers certains de ses plus grands morceaux. On a savouré une grande générosité de la part de tous les membres du groupe. Ils communiquent avec leurs corps entiers, ils échangent entre eux et avec le public, ils ont même glissé un petit « Danke schön ». Vraiment, on n'est pas déçus, c'était sublime. Mais s'il fallait ne retenir que 4 temps (très) forts du concert, on vous dirait :

Les performances vocales de Thom Yorke

Sur « All I need » et sur « Nude » notamment, le leader du groupe nous a rappelé à quel point sa voix unique est un instrument à part entière. Il s'envole et nous emmène avec lui.

A la fin du concert, notamment sur « Idioteque », on a entendu que sa voix était fragilisée. Mais c'est sans aucune rancune : non seulement les performances de la première moitié étaient fabuleuses et sans défaut, mais en plus, on n'oublie pas que Thom Yorke sort tout juste d'une grosse infection de la gorge. Le groupe a d'ailleurs dû reporter deux concerts à Copenhague.

La magie de « No Surprises »

C'est certainement l'un des morceaux les plus iconiques de Radiohead et le public l'a bien fait comprendre au groupe : dès les premières notes de la chanson, des milliers de flashes de téléphones ont été levés. C'était un moment suspendu, ultra poétique, hors du temps.

Exit Music (for a film)

Dans le genre moment émotion, on doit bien vous avouer qu'on a lâché une petite larme sur l’interprétation de « Exit Music (for a film) », ce morceau écrit pour le film « Romeo + Juliet » avec Leonardo DiCaprio et Claire Danes, sorti en 1996. En plus d'être la musique qu'on entend pendant la scène finale de la tragédie de Shakespeare, c'est un morceau très doux qui a emporté nos coeurs.

The Bends

Les génies d'Oxford ont aussi pensé à celles et ceux qui préfèrent la période plus rock de Radiohead, avec quand même deux chansons issues du deuxième album du groupe, « The Bends » et « Street Spirit Fade Out ». En revanche, ils boudent l'album précédent « Pablo Honey », avec un rejet total de « Creep », qu'ils détestent.

Et tant qu'on parle de méga tubes, « Karma Police » n'était pas dans la setlist du 9 décembre, mais on sait qu'ils l'ont joué à d'autres dates de cette tournée européenne exceptionnelle. Et ils n'avaient pas besoin de ça pour prouver qu'ils sont, et qu'ils resteront, l'un des groupes les plus brillants-doués-géniaux-iconiques de leur génération.