La Story Nostalgie

La dernière tournée de Michel Polnareff (Episode 3)

13 février 2025 | 3 min 58 sec

Alors que Michel Polnareff s'apprête à jouer une dernière fois dans l'arène de Forest National, ultime visite à ses fans belges, Brice Depasse revient sur le phénomène à part que l'artiste fut dans les années de l'âge d'or de la musique populaire.

Juin 1985, cela fait déjà 20 ans que Michel Polnareff est dans le monde de la musique, ce qui devrait faire de lui, comme beaucoup d’autres déjà à cette époque particulièrement créative, un chanteur has been. Mais à l’écoute de son nouvel album, il n’en est rien. Polnareff, c’est les années 80. Sans doute la raison pour laquelle, un autre géant des sixties a fait appel à lui pour la bande originale du film de son nouveau film : Gérard Oury.

Leur premier contact avait eu lieu quand, au début des années 70, Oury qui tournant La folie des grandeurs avec de Funès et Montand, souhaitait un compositeur actuel mais capable de lui fournir une musique proche du baroque. Et justement, Polnareff avec sa maîtrise de l’arrangement d’orchestre était l’homme tout indiqué. Il suffisait d’écouter ses disques.

Mais lorsque le compositeur arrive avec une musique rock et symphonique, Oury est horrifié. Il exige que Polnareff revoie sa copie et réenregistre tout, il refuse. Il sait que sa musique aux sonorités Western à la Sergio Leone va élargir à l’écran, les images d’Oury qui ont été tournées dans les mêmes décors que les premiers Clint Eastwood.

Polnareff a raison de ne pas céder : tout le monde est ébloui par sa musique y compris Gérard Oury, devant les réactions du public et même de Louis de Funès.

Ce nouveau film intitulé La vengeance du serpent à plumes, marque donc des retrouvailles mais pas seulement pour Polnareff et Oury car Michel connaît aussi Coluche. C’est même un fan de la première heure.

Et oui, lorsqu’il compose en 1971 la bande originale de Ca n’arrive qu’aux autres, sa réalisatrice, Nadine Trintignant, l’emmène au Café de la Gare voir Ginette Lacaze, une pièce créée par Coluche. Polnareff le trouve extraordinaire mais cela s’arrête là. En effet, exilé aux Etats-Unis il n’assiste pas à l’ascension de l’humoriste qu’il découvre seulement trois ans plus tard quand, en visite chez des amis résidant comme lui à l’étranger, il reconnaît sur un album le comédien qui l’avait fait tant rire. On verra alors Polnareff plus d’une fois chez Coluche, dans cette grande maison ouverte à tous à l’heure de l’apéro. Ils joueront ensemble de la musique mais aussi au poker et au ping-pong, le verre à la main, bien sûr, au cours de soirées mémorables.

Lors de la promotion du film, Polanreff est invité à participer à la très populaire émission de télé, Le Grand Echiquier mais refuse d’y aller avec Coluche et Oury, ne voyant pas quoi y faire, y dire. Il s’agit de cinéma quand même ! Mais ce 15 octobre 1984, attablé en soirée dans un bistrot où il regarde du coin de l’oeil l’émission, toujours en direct, Polnareff décide de les rejoindre. Jacques Chancel est évidemment étonné mais ravi de cette arrivée impromptue. Polnareff s’installe à côté d’Oury. Et bien sûr, après avoir parlé musique, Chancel lui demande ;

A quand votre retour sur scène, Michel Polnareff ?

Michel s’en sort en disant qu’il en a envie mais qu’il ne peut le faire tout seul.

Pourquoi habitez-vous Los Angeles ?

Et là, Polnareff est pris de court par la question. Ce qui lui arrive rarement. Mais en direct devant des millions de téléspectateurs ! Coluche vient alors à son secours avec une réplique dont il a le secret :

  • Ben, parce que c’est plus près de chez lui.

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Depuis plus de 20 ans, Brice Depasse vous emmène dans les coulisses des légendes du rock, de la pop, et des années 70 et 80 dans. Il vous fait voyager à travers les époques, en vous dévoilant les anecdotes les plus croustillantes et les histoires fascinantes des plus artistes de notre temps.

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