La Story Nostalgie

Sur scène avec Paul McCartney

27 juin 2025 | 3 min 5 sec

Quand en 1989, Paul McCartney fait son retour sur scène après 12 ans d'absence, c'est aussi une première en solo. Plus de Beatles, ni de Wings, il est cette fois seul au centre, même si depuis le début, on ne voyait que lui, prodigieuse bête de scène et amoureux des planches qu'il ne quittera plus.

Le rideau est encore baissé mais dans les coulisses, l’air est déjà chargé d’électricité. On entend des cordes de guitares grattées nerveusement, des pas précipités, des talkies-walkies qui crachent. Et au milieu de ce chaos organisé, debout, tranquille, presque zen… Paul McCartney. Ex-Beatle, ex-Wings, et ce soir, redevenu tout simplement rock star solo.

Nous sommes dans la banlieue d’Oslo en 1989, le premier soir de la première véritable tournée mondiale de Paul depuis les années 70. Autant dire un événement. Et en coulisses, ça se sent. Il y a cette tension qu’on sent juste avant un premier baiser ou un saut dans le vide. Même les musiciens sont un peu nerveux. Il faut dire que jouer aux côtés d’un Beatle, ce n’est pas rien. Même pour des pros. Et lui ? Lui, il rigole. Il grignote une banane. Oui, une banane. Un petit rituel. Pour l’énergie, dit-il avec un clin d’œil. Puis il attrape sa basse Höfner, en forme de violon. Le public, lui, n’en peut plus. Il crie, il scande « Paul ! Paul ! ». Dans la salle, il y a des gens qui ont grandi avec les Beatles, d’autres avec Live and let die, et puis leurs enfants. Des familles entières venues voir une légende marcher sur les braises de sa propre histoire. Et là, d’un coup, blackout. Un silence qui ne dure que trois secondes mais qui semble suspendre le monde entier. Puis les lumières explosent, et McCartney entre sur scène. Et là… c’est la décharge. Il commence avec deux nouveaux titres et un tube des Wings, faut oser. Riff costaud, voix impeccable. Et tout de suite après, sans prévenir, Got to Get You Into My Life. Et là, c’est Hiroshima dans la salle. Les gens pleurent. Dansent. Hurlent. Certains sont pétrifiés. Lui, il sourit. Ce sourire qu’on connaît par cœur, mais qui, vu d’aussi près, paraît presque irréel.

Sur scène, McCartney est comme un gamin qui aurait retrouvé ses jouets préférés : sa voix, sa basse, et le public. Il bouge, plaisante, balance des anecdotes. Et quand il s’assoit au piano, tout chavire. Il prend une longue respiration. Un silence se fait. Et là, tout doucement, Let it be. Le temps s’arrête, la salle entière l’accompagne, comme quand il chante seul Yesterday.

1989, c’est bien plus qu’un comeback. C’est McCartney qui reprend possession de sa légende, debout, vivant, devant des milliers de gens qui n’ont jamais cessé d’y croire. Et quand il quitte le public ce soir-là, en balançant un see you next time, on sent bien que quelque chose vient de se passer. Que l’histoire recommence, qu’il ne va plus jamais redescendre de scène. Car malgré les millions, malgré un succès complètement hors norme, jouer de la musique en public, c’est toute sa vie, à Paul McCartney, depuis ses quinze ans.

La Story Nostalgie

Depuis plus de 20 ans, Brice Depasse vous emmène dans les coulisses des légendes du rock, de la pop, et des années 70 et 80 dans. Il vous fait voyager à travers les époques, en vous dévoilant les anecdotes les plus croustillantes et les histoires fascinantes des plus artistes de notre temps.

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