La Story Nostalgie

1965 L'année Louis de Funès (Episode 4)

12 septembre 2025 | 6 min 21 sec

Brice Depasse vous raconte comment l’enchaînement de succès et surtout la longue carrière des films en salles ont fait de Louis de Funès, jusque-là spécialiste des petits rôles, l’acteur N°1 du cinéma européen en 1965.

Si vous allez voir sur internet, pas de doute, Le gendarme de St Tropez, c’est le film qui a lancé Louis de Funès à l’automne 1964. Erreur grave. Ce n’est pas comme ça que cela se passait à l’époque. Les films sortaient d’abord, à Paris, dans certaines salles, en exclusivité. Pourquoi ? Parce que les bobines de projection coûtent cher, il n’y en a qu’un nombre limité. C’est la raison pour laquelle les comédies sont non seulement tournées très vite mais de plus, en noir et blanc.

Donc c’est dans ces salles que vous devez vous rendre pour voir le film dont on parle dans les journaux, à la radio et sur l’unique chaîne de télé. Qu’ont-elles de plus que les autres ? Et bien le prix du ticket, qui est deux fois plus élevé que dans les cinémas de quartier et en province, bien sûr. Et donc, plus il marche, plus vous allez devoir attendre pour voir arriver les bobines dans le cinéma de votre quartier, de votre ville ou village. C’est parfois carrément deux ans. Ainsi ce fameux Gendarme de St Tropez, sorti à Paris le 9 septembre 1964, et ben il arrive à Bruxelles en mars 1965, soit en même temps que Le Corniaud à Paris. Vous imaginez le décalage. Y a le premier Fantômas qui est sorti à Paris, entretemps, et dont on a aussi entendu parler. Lui, il est arrivé chez nous en février 1965, donc un mois avant le Gendarme. La raison, et bien une carrière moins longue en exclusivité dans les salles parisiennes.

Alors, comment faisait-on, nous, le public ? Et bien, on attendait, tout simplement. On savait qu’il faudrait des mois avant qu’on puisse voir ce qui n’est au départ, pour tout le monde, qu’un petit film. Louis de Funès n’a d’ailleurs pas plus de scènes que les autres dans ce film collectif. Mais tous ses partenaires lui renvoient si bien la balle que son jeu n’en ressort que plus étonnamment.

Ils sont d’ailleurs tous arrivés, début juin 64, sans aucune ambition, avec juste la joie de passer quelques semaines cool à la Côte d’Azur, aux frais de la production. Mais voilà, ils tournent avec un réalisateur qui sait lâcher la bride à ses comédiens et leur permet d’improviser, de re-tourner une scène le lendemain, si en regardant les rushes, ils trouvent une meilleure idée.

Et ce n’est pas un hasard, car en 1964, le cinéma français connaît un renouveau et une reconnaissance mondiale, surtout aux Etats-Unis, grâce à la Nouvelle Vague, cette école de jeunes réalisateurs qui font du cinéma comme dans la vraie vie. Alors bien sûr, on tourne en couleurs et surtout plus en studio. On n’a plus besoin de techniciens pour recréer la réalité, on tourne en décors naturels, avec des cadres assez larges pour donner de la liberté aux acteurs.

Et non seulement, on n’a jamais vu la Côte d’Azur de cette manière, mais de plus, le burlesque qui ne s'embarrasse jamais de la crédibilité ainsi que la parodie, passent d’autant mieux qu’on se dit que, oui, le cinéma comique façon nouvelle vague, ça le fait, et que Louis de Funès, malgré ses mimiques et son interprétation physique manie le verbe, joue la comédie avec une justesse à laquelle peu peuvent prétendre.

La Story Nostalgie

Depuis plus de 20 ans, Brice Depasse vous emmène dans les coulisses des légendes du rock, de la pop, et des années 70 et 80 dans. Il vous fait voyager à travers les époques, en vous dévoilant les anecdotes les plus croustillantes et les histoires fascinantes des plus artistes de notre temps.

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