La Story Nostalgie

Une nuit à New York (Episode 3)

25 septembre 2025 | 7 min 38 sec

Fascinante ville de New York, insondable réservoir de légendes du show business, terreau de stars de la chanson et du cinéma. Brice Depasse vous raconte New York la nuit, là où se joue souvent l'inspiration, la création d'oeuvres qui nous ont marqués.

Octobre 1987, Sting publie ce qui est déjà son troisième album solo en deux ans et une fois de plus, il s’agit d’un disque radicalement différent. Si le fait d’avoir l’année précédente perdu sa mère mais aussi participé à la tournée d’Amnesty International a assombri sa vision du monde, c’est surtout son séjour à New York qui est à l’origine de cette nouvelle métamorphose qui le place désormais très loin de ce qu’il faisait avec The Police. Un séjour que l’artiste a voulu en mode terre brûlée. Il loue un appartement simplement meublé, juste un lit et un piano, avec le téléphone débranché, il ne veut aucune distraction qui puisse nuire à une inspiration nouvelle. Pas de femmes, ni enfants, ni maîtresse, dit-il en plaisantant. OK, j’irai parfois en boîte, pour me bourrer la gueule, c’est lui qui le dit, hein. Mais la cause est entendue, l’objectif clair : une vie monacale, exclusivement consacrée à la composition et l’écriture. Sting veut ouvrir de nouveaux horizons pour sa musique. C’est vrai, en 1985, lorsqu’il a sorti son premier album solo, un énorme succès, il a trop entendu, trop lu, que c’était la suite logique de Synchronicity, le dernier album de Police.

Alors, pourquoi New York ? Sans doute a-t-il été justement inspiré par ce qu’a déclaré Robert de Niro : « Je vais à Paris, je vais à Londres, je vais à Rome, et je dis toujours : « il n’y a pas d’autre endroit comme New York ». C’est la ville la plus excitante au monde aujourd’hui. C’est comme ça. C’est tout. ».

Et donc chaque matin, Sting se lève, prépare lui-même sa bouffe, se rend à la salle de sport, ah oui, les années 80, c’est le grand boom du culturisme avec Schwarzie et Stallone. Il prend même des cours de piano, car ne plus composer à la guitare va l’aider à tout changer. Et dès midi, il bosse jusqu’à pas d’heure. Et puis quand au milieu de la nuit, il sent la solitude le gagner, et bien il sort. New York, la nuit. Et sa faune. Ainsi quand un gars l’arrête et lui demande Quelle est la beauté de la lune ?, au lieu de passer son chemin, Sting s’arrête et lui répond avec une citation de Shakespeare : My mistress’ eyes are nothing like the sun, le regard de ma maîtresse est un rayon de soleil. Et il repart avec ce qui va devenir la chanson Sister Moon, et en même temps, le titre du nouvel album.

Étonnant que, Sting trouve l’inspiration d’une chanson grâce à un type bourré dans la rue, comme les Clash, sept ans plus tôt, pour une chanson de leur célèbre album Sandinista. C’est vrai qu’à Manhattan, il y a toujours quelqu’un pour vous adresser la parole dans la rue. Les Américains doivent tenir ça des Britanniques, c’est logique que les gens se parlent, mais enfin, à Londres, on dort plus la nuit qu’on ne vit, aime dire Sting.

Et puis, au fil de ses promenades nocturnes, il rencontre aussi une grande figure de la contre-culture britannique, l’écrivain Quentin Crisp, qui est venu chercher dans cette ville un regard plus bienveillant, à tout le moins tolérant, vis-à-vis de son homosexualité. Mais voilà, l’accent et l'attitude font que même à New York, un Anglais reste un étranger, voire, un extraterrestre.

La Story Nostalgie

Depuis plus de 20 ans, Brice Depasse vous emmène dans les coulisses des légendes du rock, de la pop, et des années 70 et 80 dans. Il vous fait voyager à travers les époques, en vous dévoilant les anecdotes les plus croustillantes et les histoires fascinantes des plus artistes de notre temps.

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