Le 29 septembre 1124, l’abbaye d’Orval est consacrée en pleine Gaume par l’évêque de Verdun. Entre ferveur religieuse, seigneurs repentants et légende de la truite dorée, ce lieu mystique deviendra plus tard un symbole du patrimoine belge… et de la bière trappiste.
Nous sommes en l’an de grâce 1124, dans une vallée perdue de la Gaume, où l’air sent la terre humide, mais aussi, en ce 29 septembre, les encens solennels. Car nous voilà au milieu des chanoines en robes blanches, sous un ciel d’automne chargé de nuages, quand soudain, apparaît Henri de Blois, la belle ville de Blois, l’évêque en poste à Verdun. Alors il lève les mains pour bénir cette nouvelle église abbatiale d’Orval.
En 1124, la Gaume, c’est pas encore la Belgique qu’on connaît, mais un bout de terre wallonne avec ses forêts et rivières, où des seigneurs comme Othon de Chiny, fils d’Arnould, cherchent à sauver leur âme. C’est vrai, ils n’arrêtent pas de se taper dessus entre seigneurs, frouchèlent avec les femmes des autres quand ils sont bourrés comme des coings, c’est-à-dire, souvent, et à côté de ça, des ecclésiastiques viennent leur dire que la fin du monde, le jugement dernier, c’est pour demain. Alors, ils bâtissent des églises pour se racheter, et ils y viennent régulièrement pour se décrasser l’âme, comme on va chez le diététicien aujourd’hui pour perdre du poids après les fêtes de fin d’année.
Bref, si son père Arnould, à Othon de Chiny, a aidé des Bénédictins à bâtir ici une église cinquante ans plus tôt, c’est parce qu’une certaine comtesse Mathilde de Canossa, venue de Toscane, c’est la Jeanne d’Arc italienne, a perdu son anneau dans une fontaine et qu’une truite le lui a rapporté. Sympa, la truite ! Et la comtesse se serait exclamée : « C’est vraiment un Val d’or ! », d’où le nom Orval.
Et donc ce 29 septembre 1124, les cloches sonnent, les paysans des environs se massent autour, avec leurs paniers de pain et de fromage, tandis que les moines chantent le Salve Regina.
Orval, aujourd’hui, c’est notre patrimoine gaumais : pour les uns, un havre de paix, de labeur et de prière, et pour les autres, l’endroit où on brasse une bonne trappiste. On peut dire que ces murs, en ont vu des guerres et du feu, mais ils tiennent. Ma femme y a même logé, elle pourrait vous en parler : la nuit il y règne une atmosphère particulière, avec ou sans trappiste.
Revivez les moments marquants de l’histoire avec Brice Depasse ! Chaque épisode de ce podcast vous transporte dans une date précise où un événement a laissé une empreinte indélébile dans nos souvenirs.
