La Story Nostalgie

Band Aid 40 ans (Episode 4)

19 décembre 2024 | 4 min 4 sec

Il y a 40 ans exactement, Bob Geldof, chanteur des Boomtown Rats, prouvait au monde de manière spectaculaire que les rockers avaient du coeur, et des idées.

J’en ai suffisamment entendu parler, beaucoup d’entre vous ont regardé le documentaire Netflix, We are the world, et c’est vrai qu’ils ont fait fort. D’abord, le casting, toutes les plus grandes stars américaines de la chanson, un titre initié par Michael Jackson et Lionel Ritchie alors au sommet de leur gloire, la ville de Los Angeles pour décor au milieu des années 80 et bien sûr, un sens inné de la mise en scène. Même dans la précipitation, vous le savez, puisqu’il s’agit d’une réponse à l’incroyable succès du titre Do they know it’s Christmas ?

On est loin des Britanniques qui ont fait ça spontanément, en quelques jours dont un seul pour l’enregistrement. Oui, ce matin dominical de la fin novembre 84, des policiers veillent à ce que tout se passe bien pour accueillir des membres de U2, Duran Duran, Spandau Ballet, Status Quo, Culture Club, Heaven 17, Bananarama, Boomtown Rats, Ultravox et Kool & the Gang. Auxquels s’ajoutent des stars solos comme Paul Young, Paul Weller, George Michael, Sting et Phil Collins. C’est d’autant plus hallucinant que tout le monde est là, un dimanche matin, gratuitement, même les photographes de presse, car tout doit aller à la fondation pour ne pas perdre une livre. Avec une livre on donne à manger à quelqu’un en Ethiopie, on sauve une vie, alors tout le monde y va de son temps et même de sa poche. Beaucoup ont fait un chèque avant de venir, et pas un petit.

A l’intérieur du studio, ça ressemble très vite à une ambiance fête de Wallonie avec dans la foule qui se presse pour se saluer, tasse de café en main, que des têtes couronnées de la pop music. Vous êtes au boulot un dimanche, demande un journaliste aux patrons des lieux gracieusement offerts, Trevor Horn des Buggles et sa femme : non, on est plus anxieux, vous savez des rockstars, ça ne se lave pas, ca picole et ça prend de la drogue, alors j’espère qu’ils vont laisser les lieux en bon état.

Vient le moment d’enregistrer les voix, la longue succession d’intervenants mais personne ne souhaite être le premier : allez Bono, vas-y, non vas-y, toi !

Je vous l’ai dit, c’est la foire. Tout le monde se retrouve avec femmes, enfants, parfois chien. Ça rentre, ça sort, les toilettes, c’est où? Une interview pour la télé, radio, presse écrite, boum, et on revient, où est ma tasse, qui a pris ma tasse ? Et donc, comme personne ne se décide, c’est finalement Paul Young qui se dévoue pour ouvrir le bal. Puis vient le défilé d’interprètes, le chœur qui a répété dans les couloirs, plutôt bien d’ailleurs malgré la précipitation, le peu de temps disponible, seul ce dimanche était libre dans le fameux studio de Trevor Horn d’où sortent tous les grands tubes depuis deux ans.

On n’entendra pas la voix de Bob Geldof et Midge Ure qui non seulement ont renoncé à leurs droits d’auteurs en composant cette belle chanson mais de plus, refusent de se mettre en avant. Phil Collins, qui est arrivé très tôt, va devoir attendre tard avant de placer sa batterie car si Spandau Ballet et Duran Duran sont rentrés pour l’occasion d’Allemagne ou de France où ils étaient en tournée, Culture Club est aux Etats-Unis. Et c’est l’horreur, Boy George a loupé son avion. Il prend donc le Concorde à ses frais et arrive in extremis à 18 heures avant que Collins ne puisse enfin jouer. Un Collins qui est au sommet de sa gloire, certainement, la plus grande star de ce Band Aid et pourtant la plus discrète sur la chanson. Vous me direz, fin 1984, on l’entendait assez comme ça.

La Story Nostalgie

Depuis plus de 20 ans, Brice Depasse vous emmène dans les coulisses des légendes du rock, de la pop, et des années 70 et 80 dans. Il vous fait voyager à travers les époques, en vous dévoilant les anecdotes les plus croustillantes et les histoires fascinantes des plus artistes de notre temps.

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