La Story Nostalgie

Daniel Balavoine (Episode 4)

23 janvier 2025 | 3 min 32 sec

Chaque 14 janvier, ils et elles sont encore nombreux à se souvenir de ce jour où ils ont appris l'improbable disparition de Daniel Balavoine. Brice Depasse vous raconte pourquoi il était le chanteur pas comme les autres.

En 1983, les murs de Forest National ont vraiment été le théâtre de moments légendaires que notre modestie belge ne met que trop rarement sous le feu des projecteurs. Au printemps, c’est en effet là que débute la fameuse tournée mondiale de David Bowie portée par son tube Let’s Dance. Oui, c’est là qu’ont lieu les dernières répétitions, la mise en place et la générale de ce qui va faire de lui une des plus grandes stars de la fin du XX° siècle. Et quelques semaines plus tard, le lieu, gigantesque, est occupé pour tout autre chose puisque Daniel Balavoine y tourne un clip vidéo. Pas en concert, non, il se sert du plateau, du parterre, des loges et de ses couloirs pour le décor de sa nouvelle chanson, Pour la femme veuve qui s’éveille. Ceux qui connaissent bien les coulisses de la salle bruxelloise reconnaîtront sans peine les briques nues de béton du couloir des loges où s’arrête le chanteur, découvrant la misère du monde dans chacune d’elles.

Oui, le Daniel Balavoine qu’on a connu chanteur dénonçant le showbiz, le fossé des générations, les problèmes sociaux de la France en crise est désormais bien loin des drames de notre époque moderne. Vous le savez, fan de sport mécanique, il participe à la course à étapes la plus dingue qu’on ait jamais osé monter : le Paris Dakar. Mais victime d’une panne mécanique, suivant la course avec la caravane, il n’a pas les yeux rivés sur la route mais sur le paysage et les villages qu’il traverse. Et là, comme il le dira, quand on voit un môme à quatre pattes, ramasser des mouches pour les manger, il n’y a plus rien à dire. Rien d’étonnant donc que son nouvel album s’intitule Loin des yeux de l’occident avec une pochette qui ne laisse aucun doute sur son contenu activiste et tiers mondiste. Est-ce la fascination pour la musique new wave qui domine alors le monde de la création musicale, l’album est enregistré dans le sud de l’Angleterre mais aussi sur les hauteurs du Loch Ness, en Ecosse. Daniel n’y débarque pas seul mais avec son ami Andy Scott, le plus parisien des ingénieurs du son britanniques, avec qui il travaille depuis des années.

Le studio installé dans un château où loge toute l’équipe, Daniel se retrouve tel un Elton John au début des années 70, donnant toute la mesure de son génie  avec son groupe dans le château d’Hérouville près de Paris. En clair, le travail se fait en toute décontraction mais sans aucune contrainte horaire, et surtout sans visite impromptue d’une kyrielle d’amis et connaissances qui vient briser la concentration. Et c’est vrai qu’outillé en synthétiseurs comme Peter Gabriel, Simple Minds ou Kate Bush à la même époque, Daniel Balavoine y produit ce qui est le disque français le plus branché et novateur du moment. Le résultat est une véritable merveille, qui se vend nettement moins que le précédent album, preuve qu’il se trouve, en effet, loin des préoccupations de l’occident et de ses fans. Mais il l’est, il faut le dire, avec une avance sur les autres car dans un an, un reportage télé va frapper la Grande-Bretagne et susciter la création du Band Aid. Oui, tous ces artistes New Wave dont Balavoine s’inspire musicalement ont un an de retard sur lui. Balavoine se retrouvera totalement en phase avec la scène mondiale avec l’album suivant, Sauver L’Amour, avec L’Aziza.

La Story Nostalgie

Depuis plus de 20 ans, Brice Depasse vous emmène dans les coulisses des légendes du rock, de la pop, et des années 70 et 80 dans. Il vous fait voyager à travers les époques, en vous dévoilant les anecdotes les plus croustillantes et les histoires fascinantes des plus artistes de notre temps.

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