La Story Nostalgie

Daniel Balavoine (Episode 5)

24 janvier 2025 | 4 min 3 sec

Chaque 14 janvier, ils et elles sont encore nombreux à se souvenir de ce jour où ils ont appris l'improbable disparition de Daniel Balavoine. Brice Depasse vous raconte pourquoi il était le chanteur pas comme les autres.

Qui se souvient des concerts de Daniel Balavoine à la fin des années 70 et dans les années 80 ? De tous ces jeunes ados avec le T-Shirt trempé de sueur aux premiers rangs, tellement ça a bougé, tellement ça a chanté, serré comme des sardines pour être au plus près de lui. Car oui, à la différence de ce qu’on verra bientôt pour Goldman puis Bruel, il y a autant de garçons que de filles. Il y a, à cette époque, un mystère Balavoine : il n’est ni variété, ni vraiment rock mais ces deux genres à la fois qui vivent pourtant en vase clos, aussi bien côté artiste que côté public. Mais à force de dire que son truc, c’est le rock’n’roll, Balavoine finit par entrer dans ce milieu. Il paraît même qu’il a rencontré Peter Gabriel, le sommet de la branchitude, et qu’ils auraient convenu de travailler ensemble sur un album de Daniel.

Oui, Balavoine est devenu le héros d’une jeunesse française qui quinze ans après le mouvement étudiant se construit plus que jamais un monde en dehors de celui des adultes. Des ados qui se partagent entre l’école, leur bande et une chambre dans laquelle ils créent leur propre univers fait de disques, de posters au mur, de magazines jeunes et bien sûr, une sono qui envoie les décibels à fond de balle. Et croyez-moi, la voix puissante et aiguë de Balavoine à 100 décibels, ça énerve les parents et les voisins. En plus, il ne déçoit jamais le Daniel comme cette fois où au journal d’Antenne 2 que les parents imposent à table à leur progéniture, voilà qu’il se relève et menace de quitter le plateau, avant d’envoyer une solide tirade anti système où il prévient tout le monde que si ça continue comme ça, tout va péter avec la jeunesse. Et c’est vrai que les adultes ne semblent pas prendre la mesure de ce qui se passe. Ils n’écoutent pas les textes des chansons hurlées par le groupe Trust et sont choqués par la grossièreté des vannes de Coluche et Renaud. En fait, le seul de la bande à déborder vraiment sur le monde gentil de la variété à la télévision, chez Drucker, Guy Lux et Chanson à la Carte, c’est Daniel Balavoine. Probablement parce qu’il y est entré par la case Eurovision (il était le compagnon de Catherine Ferry), Eddie Barclay et surtout ses amis France Gall et Michel Berger. Mais là encore, ce n’est pas un hasard s’il interprète le loubard Johnny Rockfort, le gars qui fait peur avec son blouson noir, le couteau en poche et la bouteille qu’il casse au moindre regard de travers.

L’émission de variété qu’il présente d’ailleurs en 1981, intitulée Tout nouveau, tout beau, est tellement inattendue qu’elle ne connaîtra qu’un seul numéro. Non, Balavoine, ce n’est pas Johnny Hallyday, c’est un tout autre esprit rock, celui de la génération suivante, sans doute la raison pour laquelle Johnny n’a pas chanté son Je ne suis pas un héros. Les années 80 n’ont décidément rien de commun avec les précédentes, portées et suivies par une génération qui ne ressemble à rien de ce qu’on a connu. Des années surprenantes, comme lui. Le destin a voulu qu’il s’y inscrive pour l’éternité, probablement la raison pour laquelle Balavoine influence tellement la génération actuelle, quarante ans plus tard.

La Story Nostalgie

Depuis plus de 20 ans, Brice Depasse vous emmène dans les coulisses des légendes du rock, de la pop, et des années 70 et 80 dans. Il vous fait voyager à travers les époques, en vous dévoilant les anecdotes les plus croustillantes et les histoires fascinantes des plus artistes de notre temps.

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