La Story Nostalgie

Benjamin Biolay, l'artiste du Millenium

29 avril 2025 | 3 min 39 sec

Du Jardin d'hiver à La superbe, en passant par les Cerfs volants et Rose Kennedy, Benjamin Biolay a marqué les années 2000 de son empreinte, sans accéder au statut de superstar. Un parcours à la Gainsbourg, disent certains ...

Benjamin Biolay, un nom qu’on commence à entendre par çi, par là en cette année 2000 qu’on a tant attendue au cours du XX° siècle, année surprise où Henri Salvador, l’ancien chanteur comique, vend un million de singles et autant d’albums. Il faut dire que parmi les quatre chansons de sa plume, trois vont sortir en single … Benjamin a travaillé en duo avec Keren Ann, l’artiste dont il a produit le premier album sur lequel il a composé 11 des 13 titres. On a compris que dans le duo, c’est plutôt lui qui tire la partition et pourtant bizarrement, c’est elle que Salvador pousse partout en interview sans le mentionner. Il revient même à Biolay que Salvador le traite de p’tit con. Benjamin ne comprend pas. Alors quand, quelques mois plus tard, vient son tour de sortir son premier (et entre parenthèses extraordinaire) album, il ne se prive pas de dire dans les médias que s’il est un p’tit con, Salvador, c’est un gros connard.

Le ton est donné car Benjamin sait qu’il aura le mauvais rôle, lui le bleu, l’inconnu, face à l’ancienne star, l’homme qui a fait rire toute la France et bien au-delà. Et pourtant, ce sont bien ses trouvailles sonores et ses mélodies qui permettent à Salvador d’opérer le retour le plus fracassant et improbable que le show bizness français ait jamais vu. Avec un disque d’or et une victoire de la musique, révélation de l’année, Benjamin succède quelque part au Johnny Hallyday que le même Salvador avait hué sur scène en 1960, criant “sortez-le !” devant un public hilare. Ce n’est pas cela qui va empêcher Biolay de collaborer avec des dizaines d’artistes dont les plus grands. Tous, ou presque.

Mais bizarrement son succès personnel va mettre très longtemps avant d’atteindre le rivage du grand public. Il joue devant des demi-salles, nous sommes peu nombreux, début des années 2000 à l’AB et pourtant c’est magique. Ce n’est pas la faute au public, c’est plutôt que Biolay brouille les pistes, ne fait aucune concession aux radios ni à sa maison de disques qui après six ans, finit par ne plus avoir envie de sortir un prochain album. Il faut dire que comme Gainsbourg dans les années 70, son dernier CD, encore une fois centré sur son chagrin d’amour, sa rupture, s’est vendu à moins de 18.000 exemplaires. Alors Benjamin quitte le monde des multinationales, il paye les heures de studio de sa poche pour enregistrer un album qui va lui rapporter deux Victoires de la Musique, Meilleur interprète, Meilleur album, un disque de platine et ses premiers grands classiques. Des titres qui s’aggripent à votre âme et vous tirent des larmes d’émotion. Comme ces Cerfs volants qui en 2001 lui avaient valu la Victoire de la Musique de la révélation musicale de l’année. Tout y était déjà, la mélancolie précoce à la vingtaine, ambiance Perfect Day de Lou Reed, et surtout, déjà, une musique qui n’est pas celle de tout le monde.

La Story Nostalgie

Depuis plus de 20 ans, Brice Depasse vous emmène dans les coulisses des légendes du rock, de la pop, et des années 70 et 80 dans. Il vous fait voyager à travers les époques, en vous dévoilant les anecdotes les plus croustillantes et les histoires fascinantes des plus artistes de notre temps.

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Benjamin Biolay, l'artiste du Millenium
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