Le 29 avril 1968, Les Shadoks arrivent sur l'ORTF. Ce dessin animé absurde, raconté par Claude Piéplu, fait hurler de rire les enfants… et scandalise les adultes. Il deviendra culte, avec ses maximes devenues célèbres comme « Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? ».
Ce 29 avril 1968, chez mes parents à Morlanwelz, on soupe comme tous les soirs devant la télévision, à l’heure du journal télévisé de la première chaîne de l’ORTF qui ne s’appellera TF1 que dans des années.
Et nous les mômes, ce qu’on aime bien, c’est le petit programme pour les enfants qu’il y a juste après. Et justement ce 29 avril, il y en a un nouveau. Ah chouette ! Un dessin animé ! La voix est marrante, c’est celle de Claude Piéplu qui nous raconte une drôle d’histoire … et surtout montre de drôles de dessins. C’est juste une ligne comme tracée au crayon par un enfant, le trait n’est pas très précis ni régulier.
En plus, la musique du générique est horrible, une trompette qui crie et la voix de Piéplu qui annonce : Voici les Shadoks !
Mes enfants ! Ça ne dure que deux minutes mais qu’est-ce qu’on va en parler. Car nous les gosses, on est morts de rire. Ces dessins et ces personnages, ça nous parle, en plus ils vivent sur des planètes étranges, comme dans Le Petit Prince, mais en mieux, c’est drôle. Ils sont bêtes et méchants, les Shadoks, des oiseaux à la forme bizarre.
C’est une métaphore que nous ne comprenons pas, évidemment, les Shadoks, ce sont les Français et la planète d’à côté, c’est la Grande Bretagne, d’ailleurs leurs habitants à quatre pattes s’appellent les GiBis et ils portent tous un chapeau boule.
A la fin du truc, mes parents n’ont pas bien compris, ils trouvent ça horrible et bête. C’est normal et c’est voulu. On a bien compris, nous, alors qu’on est que des gosses. Mais nous sommes en Belgique. En France, en fait, les gens détestent à 80%. Jamais l’ORTF n’a reçu autant de courrier. Lors de la seconde saison, il va même y avoir un « Shadok spécial » présenté par Jean Yanne avec Daniel Prévost qui lit le courrier des téléspectateurs. Vous voyez le truc avec lui ? Qui pourrait dire ce soir, que certaines répliques des Shadoks vont passer dans la vie courante: “Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué” ou encore “S’il n’y a pas de solution c’est qu’il n’y a pas de problème”.
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