Les tubes ont perdu la face

Donna Summer : I Feel Love (1977)

20 mars 2025 | 3 min 30 sec

Alors que Donna Summer est déjà, en 1977, une vedette internationale de la musique pop, un titre de son nouvel album, I remember yesterday, prévu pour une face B de Tours va, grâce aux DJ britanniques, devenir la face A qui va influencer la dance de toutes les décennies à venir : I Feel Love.

Le nouveau podcast captivant de Nostalgie, présenté par Brice Depasse, explore un aspect méconnu mais passionnant de l’histoire de la musique : les Face B.

Dans l’incroyable et énorme répertoire de ces chansons qu’on adore et qui ont la grande chance de ne pas prendre de rides, nombreuses sont nées la même année. Oui, il y a des moments où les génies semblent s’être donné rendez-vous. Des endroits aussi. Ainsi un jour de 1977, alors que David Bowie est, et je vous prie de croire que c’est pas banal à l’époque, en Allemagne où il enregistre les chansons les plus expérimentales qu’il ait jamais produites, son partenaire et ami Brian Eno, avec qui il travaille, revient en studio enthousiasmé. Il vient, dit-il, d’entendre le truc qui va révolutionner la piste de danse pour les 15 prochaines années.

Waouw ! C’est pas rien comme nouvelle pour l’artiste qui se veut être à l’avant-garde de tout ce qui se fait. Et c’est quoi ?

Plutôt qui. Donna Summer.

Donna Summer, la nana qui fait du disco ?

Ah c’est vrai que Donna Summer, en 1977, impossible d’être passé à côté d’elle depuis son fameux Love to love you, le truc le plus osé depuis le Je t’aime moi non plus de Gainsbourg et Birkin. Et David Bowie de confirmer ce que Brian Eno vient de lui dire. Le plus dingue c’est que tout est arrivé par hasard, ou presque. Pour ce qui est déjà le cinquième album de Donna Summer, son producteur et auteur Giorgio Moroder, établi à Munich, c’est là qu’il a rencontré la chanteuse américaine venue y jouer la comédie musicale Hair, a projeté un concept. L’album doit s’appeler I remember yesterday, je me souviens d’hier, et doit proposer des styles musicaux depuis les années 40 jusqu’à aujourd’hui. C’est très à la mode. Mais pour le dernier titre, ce serait bien que ça sonne futuriste. Et qu’est-ce qui est futuriste ? Ben les synthés. Alors il fait venir en studio cette fameuse machine remplie de câbles et qui se désaccorde toutes les 30 secondes. Mais avec beaucoup de patience, ce sont des Allemands, loin de l’image du showbiz, drogue et alcool, il y arrivent, c’est que du synthé mis à part la batterie car oui, à l’époque on n’a pas encore réussi à créer électroniquement le son puissant d’une grosse caisse.

Et là où vous vous attendez que tout le monde saute au plafond, non : c’est trop différent. On se dit plutôt : mais qu’est-ce que c’est que ce truc ? Même son producteur Moroder et son assistant Pete Belote n’y croient pas en tant que single. Il n’y a que Bowie et Eno pour avoir compris que ce titre risque de devenir la musique de demain. Et donc, à Los Angeles, chez Casablanca Records, la firme qui édite le groupe Kiss mais commence à devenir LE label du disco, on ne songe qu’à la face B d'une autre chanson. Mais voilà, les boîtes de nuit anglaises ne sont pas de cet avis et c’est elles qui vont mettre le feu aux poudres en tournant I feel love, la face B du 45 Tours passe en face A suivie d’un maxi d’une durée de 8 minutes. Le monde est surpris, et conquis, N°1 en Grande Bretagne, puis Hollande, Italie, Belgique, disque d’or aux Etats-Unis. Et oui, le son de la musique qu’on entend aujourd’hui a toujours pour modèle celui de cette face B.

Rendez-vous chaque samedi sur Nostalgie à 13h30, 15h30 et 17h30 pour un nouvel épisode. Prenez le temps de découvrir ces pépites oubliées et laissez-vous surprendre par les hasards de l’histoire musicale.

Les tubes ont perdu la face

Brice Depasse explore un aspect méconnu mais passionnant de l’histoire de la musique: ces moments où la Face B de vos vinyles préférés a pris sa revanche sur la Face A, pour inscrire son nom dans la légende.

Les tubes ont perdu la face
Donna Summer : I Feel Love (1977)
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